Les amies d’un gendarme de la Garde Royale 1760

Par Jean Escande

 

 

 

"On court risque de n'être pas compris aujourd'hui lorsqu'on parle de la Gendarmerie" écrit le comte Beugnot à propos du mari de la Comtesse de La Motte, celle de la célèbre Affaire du Collier de la Reine, lequel était Gendarme. En effet, avant la Révolution, la Gendarmerie est un corps de cavalerie d'élite, qui descend des Gens d'Armes de Charles VII cavaliers armés de pied en cap dont la vocation était plutôt celle de nos modernes chars d'assaut... Nos gendarmes actuels ne descendent nullement de cette Gendarmerie Royale d'avant 1789, mais de la Maréchaussée.

 

"Ce corps, écrit Beugnot, conservait l'ancienne bannière de ces gendarmes si renommés dans les temps anciens, où un homme armé et à cheval était une puissance. La gendarmerie était encore, avant 1787, époque où elle fut supprimée, le premier régiment de cavalerie de France, les simples cavaliers avaient rang d'officier, et obtenaient comme tels la croix de Saint-Louis. Ce corps était le refuge de la noblesse pauvre, et recevait aussi des bourgeois qui ne pouvaient plus se faire jour dans les autres corps de l'armée. La gendarmerie conservait intacte la plus brillante réputation de valeur ; mais, comme les simples gendarmes avaient dans leur service beaucoup de choses communes avec les soldats de tout autre régiment, ils ne jouissaient individuellement que d'une fort médiocre considération. Le dernier sous-lieutenant d'infanterie se croyait et était cru au-dessus d'un gendarme..."

 

Devenu Sous-lieutenant d'infanterie au régiment d'Ile-de-France, nous retrouvons en 1762 notre M. de La Boissière : une autre amie, Gisèle Lesÿgne, qui a l'air veuve ou séparée, lui écrit de Graveline.

 

La vie de garnison n'est pas pénible, et on s'y amuse à des jeux qui de nos jours paraissent puérils, comme cache-cache ou colin-maillard. M. de la Boissière, Gendarme de la Garde, est en 1760 chez son père, à Montargis : une amie lui écrit de Suisnes, près de Brîe Comte Robert...

 

Le régiment d'Ile-de-France, en cette année 1762, est un corps tout nouvellement formé avec l'ancien régiment de Montmorin.

 

 

 

Gendarmes de la Garde : Funcken I XVIII° p. 20

 

Ile de France infanterie :   .........................p. 62 habit blanc à revers rouge

 

Drapeau :                           ...........................p. 66

 

 

 

"Gravelines a l’air d'une ville ravagée par une longue peste, où les maisons sont entières, mais vides" écrit en mai 1763 le Bailli de Mirabeau, marin et oncle du tribun. "J'ai vu à trois ou quatre reprises des troupes de femmes de matelots se jeter aux pieds du gouverneur en demandant miséricorde, et montrant de petits enfants pâles et décharnés. Leurs maris sont morts ou prisonniers en Angleterre ; beaucoup aussi se sont enfuis pour éviter d'être entôlés"... (dans la marine royale). "L'idée d'être déplacés de chez eux et envoyés à la guerre en a fait mourir, le cœur serré..." (Cité par Manceron : Le Vent d'Amérique, p. 176).

 

 

 

A Monsieur de la Bossierre, Gendarme de la Garde, à Montargis.

 

 

 

A Suine près de Brie ce 29 février [1760]

 

 

 

Voyes comme nous sommes gens de parolle, Monsieur, nous devions partire lundi de Paris, estre dans la belle ville de Montargis mardi, vous trouver avec d'aimables dames à la Nuisiére : rien de tout cela, projets évanouis. Nous sommes içi depuis hierd, nous en partons samedi pour aller au Mées où nous resterons le moins que nous pourons, mais sans cependant pouvoir estre sure du jour que nous en partirons, toute cette petitte tournée de parans et d'amis, quoyque fort agréable, ne nous aute pas le désir de retourner au giste le plus promtement quil sera possible. Mon mari tranquillement dans son lit vous dit mil choses, et vous prie d'assurer de son respect Mesdames Gadin et Guirignons ; faites leurs sil vous plait agréer bien des complimens de ma part. Adieu Monsieur j'ay l'honneur d'estre bien sincèrement votre très humble et très obéissante servante

 

Raves Fages

 

 

 

Je ne peux mempecher Monsieur de vous souhaiter le bon jour dans celle cy, nous serons plus longtemps comme vous voyés que nous ne lavions projetté, mais nous sommes obligé de courir de parens à amis. Nous serons samedy soire chez le Président Fraguier à une terre à luy prés de Melun. Ma femme conte bien y aller voir Madame Gotfroy, pour le notaire vers la fin de la semaine prochaine pour le plus tard nous nous racheminerons du coté de Montargis où je me fais feste davance de vous y embrasser ; la feste seroit encor plus grande pour vous lavouer, si Mesdames Gudin et Guirignons vouloient bien etre de la partie de nos embrassemens. Lidé seulle men ravigotte, assurés les je vous prie de mon respect, faittes moy le plaisir de dire à Mariane quelle ait soin que notre table soit raccommodé par Touranjo. Adieu je vous embrasse de tout mon coeur.

 

 

 

*

 

 

 

Monsieur de Laboisiere officier du Reg. de l'Ile de France chez Mr son père à Montagi

 

 

 

A Graveline le 12 Mars 1762

 

 

 

Je né point peux répondre plutôt, mon cher monsieur, à la lettre obbligente que vous mavez   fait l'honneur de mécrire. Lacablement ou jété davoir ma chère poulotte          entre les bras de la mort man a empeché, elle et actuellement moin mal et le médecin ont une lueur despérence. Sa maladÿ et une fluction de poitrine et point de côté. Jugé de mes inquiétude et ne pouvant point la voire, comme vous sçavés que Ion ne peux point entré dans se couvent. Je suis tranquille du côté des soins, car les médecin mont dit que tous ce quil ordonne et éxéccuté à la lettre, et il sons remplie datantion pour ce quil ne manque riens pour réchapé cette enfans. Je madone tous entre les mains de la divine providance.

 

Vous este donc tous à fait rétabli, mes vous vous este peux ménagé, puisque vous avez passé des nuits a joué au Colin maliard. Je souhaite de toute mon âme que cela né point attéré votre santé, je vous exorte à la mieu ménagé. Vous ne pouvié point me faire plus grand plésir que de me venir voire. Taché de faire tous ce qui dépandera de vous pour celà, je le fait espérer à madame Deglé, à ma tante et soeur et notre [ ?]     qui ont autan danvie de vous voire que moÿ et nous nous en fairont une fette davance. Vous me ferez plésir de machetter un Car daudevie d'Orléan et une demie livre de soie blanche pour tricoté. Si vous voulez bien machetter cette audevie je vous prie de lanvoier à ladresse de Mr. Payot receveur de la Barrière de France pré de Graveline celà mévitera biens des droits et moyennant ce nous pouront faire de la bonne liceur [liqueur] pour boir à la santé de mon gros, qui jespére viendra trinqué avec nous. Nespas mon cher gros que vous nous donneré cette satisfaction là ? Je me repose entièrement sur ce que vous accompliré votre promesse, nous vous y invitons tous. En attendant recevez millions de chose de notre sosiété, je my joins de bon coeur et vous prie détre persuadé de santiments que je vous et voué pour la vie, adieu mon cher gros ménagé votre santé, cé votre bonne amie qui vous en prie

 

G.le Lesÿgne

 

 

 

Mr Roÿer et bien sansible a lhonneur de votre souvenir, il vous prie de recevoir mil chose de sa part.

 

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