Un résistant à castres

Collot Trompe La Mort - histoires de résistance dans le Tarn

Collot Trompe La Mort - histoires de résistance dans le Tarn

Faisant la claque au Casino de Paris pour Mistinguett, plus jeune colon d’Afrique des années 20, chanteur lyrique, agent de renseignements pendant la Résistance, fondateur du journal « Castres Debout », Collot nous livre ses souvenirs les plus insolites, comme si sa vie avait été une vaste farce.
Fils de militaire, petit-fils d’un restaurateur réputé de Monestiès, dont Jaurès était un habitué, et qui attendait la bande à Bonnot de pied ferme, enfant de troupe, « croque-mort » amateur pendant la grippe espagnole, Collot se raconte.
Le truculent grand-père de Collot, Auguste Calvignac, avait pour client dans son auberge de Monestiés, Jaurès, dont il partageait les idées ; mais il était aussi le grand ami du marquis de Solages, de la vieille famille aristocratique qui possédait les mines et un grand domaine à Carmaux.

S’il apprit quelque chose à son petit-fils, outre le métier de cuisinier, c’est bien de savoir apprécier les individus, sans s’occuper de leurs étiquettes politiques ou sociales.

Toute sa vie, Collot, le narrateur de ce récit, fit ses choix selon ses goûts, sans souci d’un quelconque quant dira t’on, aima ou détesta à cause des actes, mais non des idées.

Fils d’un militaire qui, à sa retraite devint intendant du château du dit marquis de Solages, enfant de troupe, croque-mort à onze ans, pendant la grippe espagnole, Collot fut le plus jeune colon d’Afrique des années 20, au Soudan Français. Il y acquit une solide expérience humaine -comme auparavant au Maroc pendant son service, à la fin de la guerre du Riff- se faisant l’unique Européen ami des chefs de village, adulé des indigènes que toujours il respecta.

Puis il connut Paris et la crise de 29. Il y vécut des aventures rocambolesques : faisant la claque au Casino de Paris pour Mistinguett, qui connaissait un creux dans sa carrière, il y fit un mariage huppé avec tapis rouge et flopé d’aristocrates, ce qui ne l’empêchait pas, dans le même temps, de connaître une gêne certaine, allant manger « à l’œil » chez un ami plus fortuné.

La guerre et surtout la Résistance trouvèrent en lui des qualités innées d’initiative, de courage et de justice. Il se joua des Allemands avec une certaine inconscience et beaucoup de charme, sans jamais d’affectation ni d’orgueil, ce qui le sauva lors de son arrestation.

Agent de renseignements, il fut juste avec les justes et les salauds, indulgent avec les indécis ; il fit un travail honnête et probe lors de l’Epuration, et n’en tira aucune gloire.

Journaliste enfin, il monta son propre journal à Castres en 1954, étant ainsi au fait de tous les événements de cette ville jusqu’en 1980. Il en devint une figure, intelligente, d’un caractère bien trempé, mais toujours jovial.

Amputé d’une jambe, le courage et la gaîté ne lui firent jamais défaut pour affronter cette épreuve.

C’est sous forme d’anecdotes recueillies par Angélique Escande-Dubuisson, que Collot se raconte, avec une précision, une verve et un langage inimitables. Sa vie se dessine sous nos yeux, avec une vivacité sans pareil, comme une discussion entre deux amis.

 

     

 

 

 

Notre région connaissait quelques petits maquis, plus ou moins livrés à eux-mêmes. Serge Weissman, de Castres, appartenait à l'un d'eux. Un jour sans raison apparente, il quitta le maquis en voiture, avec deux camarades pour tenter une opération au quartier Drouot. Le quartier était occupé en particulier par des mongols qui obéissaient aveuglement aux ordres. L'arrivée des trois imprudents fut mal accueillie. Weissman partait en direction de la place Carnot au volant de la voiture, les autres allaient à pied en direction du Couvent Bleu, dont ils franchirent le mur. Weissman fut accroché et blessé Place Carnot devant la maison Cabrol, où une plaque rappelle le drame. J'étais présent au moment de l'intervention des Allemands; un mongol est venu vers moi la crosse en l'air prêt à frapper au moment où je me penchais vers le corps de Weissman  qui ne paraissait pas trop atteint. Ils ont emporté Weissman  au quartier. Le lendemain son corps était retrouvé dans un champ, à Mesturet en bordure de la Durenque, côté route de Toulouse. Lespinet m'avait appelé pour faire des photos. 

 

(D'autre part, j'ai retrouvé dans les papiers que Collot m'a confiés, une page manuscrite dont je tairai le nom de l’auteur, qui semble être le brouillon d'une lettre répondant à un article de quelqu'un sur l'affaire Weissman ; certainement pas, en tout cas, un article de Collot, car celui-ci était à même de connaître les précisions sur le polochon "sur votre photo et qui vous étonne", puisqu'il avait lui-même assisté à l'autopsie du corps. Je donne ici textuellement cet autre récit de l'événement: "Je viens de lire votre article sur Serge Weissman. Je suis en mesure de vous préciser certains points de cet épisode de la guerre à Castres. Nous étions en colonie de vacances à Mesturet, propriété de Barral (collège castrais). Le directeur cette année-là, en 1944, était l'abbé Motte qui fut aumônier de l'Hôpital de Castres. Ce matin-là, le fils du métayer, Guy Azam, nous signale qu'un carré de terre a été "remué" au bord de la Durenque. Il ajoute: "Les vaches n'ont pas voulu passer pour boire à la rivière... On a peut-être enterré quelqu'un... "Cela ne nous a pas surpris, malgré nos douze ans nous étions accoutumés à voir disparaître des gens subitement...

 

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