Famille Goudon de Senaux à Senaux (Tarn). XVIIe et XVIIIe siècles Le Protestantisme dans le Tarn

 

Cabanes est un hameau de Moulin-Mage ; La Sautié est une ferme de Lacaze ; Pratmayou est un hameau de Viane, Senaux une petite commune. St Sever du Moustier et Linas sont dans le Sud Aveyron, à peu de distance de Lacaune.

 

11 Janvier 1690 : Daniel Mialhe, sieur de Lavergne, bachelier en Droit, Juge en chef du Comté de La Case au siège de Viane, ordonne que Anne de Franc, femme de noble Jean de Puech sieur de Longuevergne, mère et légitime administreresse de demoiselle Ester Dadoune de Puech, leur fille, en conformité de l'édit du Roi de décembre dernier qui accorde le bien de ses sujets sortis du royaume à leurs plus proches parents, ... restera avec ladite Ester de Puech sa fille dans la maison de la Sautié et aura la jouissance à compter du 1er Janvier tant de la maison et domaine que de tous les autres biens ayant appartenu audit sieur de Longue Lavergne et à ses enfants sortis du royaume.

 

            Jean de Puech de Longuevergne et Anne de Franc s'étaient mariés le 17 Mars 1675 (Me Pomier notaire).

 

            Ester de Puech était née le 25 Juin 1679.

 

 

 

9 Août 1699 à Carcassonne, Lamoignon, Intendant du Languedoc, vu le certificat de l'Evêque de Castres, signe la main-levée de la saisie des biens de noble Jean de Goudon seigneur de Senaux "disant que encor que jusqu'à présent il ait bien fait son devoir de catholique et que dame Ester de Pech son épouse s'en acquitte pareillement et quelle soit dans la volonté de continuer à l'advenir, néantmoins le sieur Barbara juge criminel de Castres"... a mis la main dessus. Les biens venaient de Jean de Pech, père d'Ester, sieur de Longuevergne, et d'autre Jean de Pech, son frère, sieur de la Sautié "qui se sont retirés dans les pays étrangers depuis plus de dix ans".

 

 

 

            En Août 1711, Jean de Goudon de Senaux meurt. Ester a 32 ans. Avant de mourir son mari a nommé deux personnes pour dresser l'inventaire de ses biens : André Calvet notaire de Viane et Jean Julien avocat du comté de La Caze. Dans la maison de Calvet, au masage de Pratmayou le 4 Novembre à 6 h. du matin ils reçoivent Alexandre de Boyer sieur de la Borie du lieu de St Sever en Rouergue, envoyé par Ester. Elle a fait assigner ses belles-sœurs : Jeanne de Goudon femme du sieur Albié, bourgeois de la Ferrairié, Marie de Goudon veuve de noble David de Robert sieur de Boscapel et demoiselle Rose de Goudon demeurant à la Sautié. Plus noble Louis de Goudon sieur de Linas résidant à Malviés, cousin germain du défunt, tous prétendants à la succession. A 8 h. du matin on est à la Sautié, maison où Jean de Goudon faisait sa demeure et est décédé. On doit procéder à l’inventaire. "Etant entrés à la chambre qui sert de cuisine" ils y trouvent nombreuse compagnie : Ester, l'avocat Julien, Rose de Goudon "et autres personnes de la maison ou etrangers". Les autres sœurs sont absentes, ainsi que leurs maris. Rose de Goudon a dit qu'elle consent audit inventaire "sans préjudice ni confusion de ses droits qu'elle a sur l'hérédité de son frère". Samuel Bruniquel, sieur de la Sariette, et Frontil du lieu de Boissezon daumontel prêtent serment "main mise sur les saint évangiles que c'est aujourd'hui le quatrième du mois de novembre et l'heure de huit du matin et passée, comme ils l'ont reconnu à l'aspect du soleil, que nous sommes au lieu de la Sautié et maison où ledit sieur de Senaux est décédé".

 

            On attend par courtoisie pendant une heure que les dames de Goudon et le sieur de Linas se présentent, ce qu'ils ne font pas. On consigne donc leur absence dans un procès-verbal, puis on passe à

 

 

 

L'Inventaire des meubles et effets, lettres, papiers et documens délaissés par feu noble Jean de Goudon seigneur de Senaux.

 

 

 

            Premièrement étant dans la cuisine de la maison de la Sautié y avons trouvé un grand lit garni, plusieurs meubles et bateries de cuisine que ladite dame veuve a dit être de l'hérédité de feu noble Jean de Puech sieur de Longuevergne son père et qu'il délaissa lors de son évasion hors du royaume pour fait de religion... L'autre partie est de dame Anne de Franc sa mère, comme elle l'a déclaré elle-même, y en ayant que quelques uns achetés par led. S. de Senaux depuis son entrée dans la maison, ladite dame déclarera à mesure qu'ils se trouveront.

 

            Il y a dans la cuisine une tourtrière qu'elle a exibée avec son couvert cuivre appartenant audit S. de Senaux pour l'avoir achetée, qui a pesé trois livres deux quarts.

 

            Plus une eguière étain fin sans couvert à la mode pesant trois livres. Plus une casserole cuivre avec sa queue fer, pesant 3 livres.

 

            Plus une poissonnière cuivre de 4 livres avec son anse fer. Plus un pot fer pour la soupe.

 

            Plus deux fusils, l'un plaqué de pièces de leton fort beau et l'autre bon fait à Gijonnet duquel le défunt se servoit.

 

            Et de la cuisine étant passés dans l'autre joignant y avons trouvé trois lits garnis, un vieux armoire et autres meubles que ladite dame veuve a dit être de l'hérédité de son père et mère et n'y avoir rien qui appartienne au défunt.

 

            Et de là étant passés dans la salle de ladite maison y avons trouvé un bois de lit noyer en menuiserie tout neuf entouré de rideaux cadis jeune avec ses courtines et soubassement, quatre pomes couvertes de la même étofe à la mode avec sa coëtte et traversin rempli de plume avec leurs alcassins de 50 livres, un matelas de laine du pays du poids de 45 L., une paillasse, une couverte blanche d'un côté et peinte de l'autre tout neuf avec deux linceuls toile de païs fins.

 

            Plus douze chéses à la daufine couvertes de cadis jaune neufves, un siège de commodité couvert du meme cadis.

 

            Plus un tapis de vergame neuf sur une table en pliant, laquelle table ladite dame veuve a dit etre de la maison.

 

            Et de ladite salle étant entrés dans la chambre joignant y avons trouvé un autre bois de lit de noyer vieux entouré de ridaux cadis gris avec ses courtines et quatre pomes couvertes de la même étofe neuve avec deux matelats, lun rempli de laine du poids de 50 l. et l'autre d'étoupe du poids de 30 L. La Coëte qui s'est trouvée avec le traversin lad. dame a dit être de l'hérédité de ses père et mère, une couverte piquée de toile peinte neuve, y ayant deux linceuls toile fine du païs.

 

            Plus un cabinet bois noyer fait à St Sever en menuiserie fine à pièces de raport de plusieurs couleurs, à quatre portes et deux tiroirs avec leurs serrures et clefs que lad. dame a dit avoir été acheté par ledit feu seigneur de Senaux et qu'il luy en fit don pour tenir ses habits, lenges et autres choses, qui a été ouvert, dans lequel n'y a été trouvé que les habits nuptiaux de lad. veuve, ses coeffures, chemises linge et plusieurs attifets luy appartenant.

 

            Et outre ce il y a été trouvé deux flambeaux, mouchetés, porte mouchetés, une écuelle, deux salières et six fourchettes argent du poids de six livres que lad. dame a dit appartenir au sieur abbé Truel et que led. feu seigneur de Senaux tenoit de luy en gages pour 250 L. qu'il luy bailla.

 

            Plus une table faite en menuiserie fine à pièces de raport et à colonnes torses avec deux guindons même tous neufs.

 

            Plus douze chaises bois chêne en menuiserie garnies de paille demi usées.

 

            Et de lad. chambre étant entrés dans un cabinet qui est dans la tour attaché au coin de lad. chambre à côté de la cheminée sur la droite y avons trouvé un cofre bois noyer fermé à clef que lad. dame a dit être de l'hérédité de son feu père, lequel s'en servait pour son usage et dans lequel ont été trouvés les actes suivants :

 

            Premièrement un livre de mémoires relié couvert de parchemin contenant 235 feuillets écrit de chaque côté duquel ledit feu S. de Senaux se servoit, écrit de chaque côté de sa main et de plusieurs autres, commençant le premier feuillet Rolle de bled et finissant de ce côté là par un mémoire du 7 Juillet 1711 touchant l'accord d'entre luy et M. de Linas son cousin, et de l'autre côté, et le premier feuillet Livre des Acquistions fait par Jacques de Jean finissant de conte fait le 1er Mars 1647 qui avoit été fait pour l'usage dudit sieur de Jean duquel le défunt s'étoit servi depuis son entrée dans la maison, y ayant plusieurs feuillets en blanc au milieu, qui est cotté N° I.

 

            Plus un cayer de reconnoissance relié couvert d'une peau verte répertorié, consentie au défunt par ses vassaux de la terre de Senaus depuis le 19 Juillet 1699 jusqu'au 11 Mars 1706 signé Calvet notaire à chaque reconnoissance particulière yci cotté N° II.

 

            Plus un autre cayer de reconnoissance consentie en faveur de noble Antoine de Bérail par les memes vasseaux le 1er Juin 1579, finissant par la reconnoissance de Mather de la Chapelle signé Mauzi cy cotté N° III.

 

            Plus un conte de tutelle rendu audit feu S. de Senaux par dame Françoise de Maliar sa feue mère le 18 May 1684 signé de Faure, de Romains, Armengau et Pujol icy cotté N° IIII.

 

            Plus un expédié d'arrest d'ordre portant allocation de divers créanciers sur les biens de feu noble Jean de Goudon sieur de Linas et de noble Jaques de Goudon sieur de St Sever du 11 Septembre 1671 mangé des rats, signé de Franet en parchemin signifié icy et cotté N° V.

 

            Plus un autre livre relié couvert de parchemin contenant 156 feuillets duquel le S. de Senaux se servoit, commencé en 1690 écrit de chaque coté finissant du premier coté "Jean a acheté une vache à 45 livres à Ihote de Cabanés" et de l'autre côté commencé le 28 Octobre 1699 et à la fin le 25 Juin 1711 "avons fait la toison à Senaux", le reste étant en blanc icy cotté N° VI.

 

            Plus trois expédiés de transaction passée entre ledit feu S. de Senaus et la dame de Malian sa mère a raison de divers procès des 29 Juillet 1690, 11 Février 1694, le 20 Juin 1699 signés deux par Pujol et l'autre par Forest notaires icy cottées N° VII.

 

            Plus un expédié d'arrest entre dame Olimpe de Cabrol, Estienne de Cabrol sieur de Grualgue et Jean de Goudon sieur de Linas du 9 Septembre 1664 signé Izar greffier icy cotté N° VIII.

 

            Plus un expédié d'acte d'accord entre le sieur de Rochemaure et noble Jean de Goudon sieur de Linas à raison des biens de Cabanes du 6 Avril 1649 signé Cannac notaire icy cotté N° VIIII.

 

            Plus un jugement rendu en l'Intendance de Guienne et maintenue à la noblesse en faveur dudit S. de Senaus et feu M. de Malviés son oncle, du 2 May 1699 en parcemin icy cotté N° X.

 

            Plus un expédié de pactes de mariage dudit feu S. de Senaus et ladite dame de Puech du 2 Juin 1698 signé Barthés notaire icy cotté N° XI.

 

            Plus un expédié d'acte de vente d'un pred enfaveur dudit S. de Senaus consentie par Alexandre de Boyer sieur de la Borie comme mary et maitre des biens dottaux de demoiselle Susanne Nayrac au prix de 1750 L. le 9 Mars 1701 signé Bosc notaire avec toutes les quittances des intéréssés à recevoir ladite somme que ledit S. de Senaus a payés ensuite à un chacun avec les interets qui avoint couru, le tout attaché ensemble icy cotté N° XII.

 

            Plus un extrait d'acte de vente d'un casal, jardin et  fenière consenti, audit S. de Senaus par Pierre Pujol au prix de 20 L, avec            un autre à luy consenti d'une fenière par Pierre du Puy au prix de 13 L. contenant quittance du 2 Juin. 1709 reçu par Calvet notaire icy notté N° XIII.

 

            Plus autres deux extraits d'actes de vente consentis par Jean Roulx, Jean Bonafous audit S. de Senaux d'une pièce terre à 30 L. et un autre d'engagement d'un champ au prix de 12 L. consenti par Sabine Vabre du 3 Février 1699, le 28 Décembre 1710 reçu par Calvet notaire icy cotté N° XIIII.

 

            Plus un extrait d'acte contenant deux ventes d'une pièce terre aux prix de 39 L. et l'autre 17 L. consenti audit S. de Senaus par Pierre Bessiere du 28 Décembre 1701 reçu par Calvet notaire icy cotté N° XV.

 

            Plus un extrait de quittance de 82 L. faite audit S. de Senaus par demoiselle Marie de Goudon du 17 May 1709 reçu par Roussel notaire icy cotté N° XVI.

 

            Plus un autre extrait de quittance de la somme de 400 L. faite par Antoine Guittard sieur du Bez audit S. de Senaus pour          laquelle luy avoit engagé le droit de champart qu'il prenoit à sa méterie de Comberaudese reçue par Calvet notaire le 29 Octobre 1705 icy cotté N° XVII.

 

            Plus une quittence de 147 L. faite par Toulse, que ledit S. de Senaus avoit reçue pour eux du sieur Raboutié banquier de Toulouse en quensequence d'une procuration reçue par Calvet notaire le dernier May 1707 icy cotté N° XVIII.

 

            Plus un extrait d'acte de vente faite  audit S. de Senaus par Alexandre de Boyer sieur de la Borie un champ à la Rives au prix de 90 L. reçue par Calvet notaire le 8 Décembre 1699 icy cotté N°XVIIII.

 

            Plus un expédié en parchemin des pactes de mariage de noble Jean de Goudon sieur de St Sever et dame Françoise de Malsan père et mère du défunt du 15 May 1663 signé Rossignol notaire icy cotté N° XX.

 

            Plus un extrait d'acte d'acquisition d'une pièce terre faite par ledit S. de Senaus de Marguerite sèguiére fame de Jean Marc à Cabanes au prix de 120 L. payée reçue par Rols notaire de 14 Septembre 1709 icy cotté N° XXI.

 

            Plus un expédié d'acte d'obligation de 61 L. 16 sols d'un côté et 60 L. de l'autre consenti par Pierre Dupuy en faveur dudit S. de Senaus le 6 Janvier 1710 reçu par Calvet notaire icy cotté N° XXII.

 

            Plus un expédié d'acte de vente consentie par Jean Séguier en faveur dudit S. de Senaus de deux pièces terre à Cabanes au prix de 200 L. contenant quittance reçeue par Rols notaire le 3 May 1709 icy cotté N° XXIII.

 

            Plus un extrait de quittance de la somme de 1.000 L. faite audit S. de Senaus par Mr Jaques Escande curé de Cuq le 18 May 1706 reçue par Roussel notaire de Saint Salvy icy cotté N° XXIIII.

 

            Plus un expédié d'acte de vente fait par Pierre Bonafous audit S. de Senaus d'une pièce terre à Senaus au prix de 30 L. portant quittance reçue par Calvet notaire le 25 Janvier 1706 icy cotté N° XXV.

 

            Plus un extrait d'acte de vente de la portion d'un champ partagé à Senaus consenti audit S. de Senaus par         [ ?] au prix qu'il sera estimé par le sieur de la Valette sur quoy il fut payé 10 L., reçu par Calvet notaire le 26 Janvier 1710 icy cotté N° XXVI.

 

            Plus un extrait d'acte de vente d'une pièce terre à Senaus consenti par Pierre Bessiére audit S. de Senaus au prix de 20 L. payé reçu par Calvet notaire le 19 Décembre 1709 icy cotté N°' XXVII.

 

            Plus un extrait de l'inventaire fait après le décés de feu noble Jean de Goudon sieur de Linas, de ses effets à la diligence de dame Françoise de Malsan veuve de noble Jean Jaques de Goudon sieur de St Sever fait devant Me Soulages commissaire le 25 Juin 1671 de luy signé icy cotté N° XXVIII.

 

            Plus un expédié d'acte de transaction passée d'entre ledit S. de Senaus et noble Louis de Goudon sieur de Linas à raison du procès entre e eux à l'égard des biens de Malviés qui ont été délaissés audit S. de Senaus avec les meubles contenus dans l'inventaire moyenant la somme de 8.000 L. qui doit être payée audit S. de Linas, reçu par Jougla notaire de Toulouse le 7 Juillet 1711 icy cotté N° XXVIIII.

 

            Plus un état des meubles et effets remis par ledit sieur de Linas à ladite dame de Puech en conséquence de la susdite tranasaction desquels elle demeure chargée, signé de ladite dame, du sieur de Linas, des sieurs Rech et Julien, du 24 Octobre 1711 icy cotté N° XXX.

 

            Plus un extrait de la quittance de ladite dame au sieur de Linas des meubles et effets contenus au susdit état du 25 Octobre dernier reçu par Amilhau notaire de St Sever icy cottée N° XXXI.

 

            Plus un billet de garde de la somme de 170 L. consenti par M. du Pontet en faveur dudit S. de Senaus le 30 May 1711 de luy signé icy cotté N° XXXII.

 

            Plus un reçu fait par demoiselle Rose de Boisset de la somme de 100 L. à ladite dame veuve, que ledit S. de Senaux luy avoit donné deux jours avant sa mort en date du 13 Octobre dernier signé de ladite demoiselle icy cotté N° XXXIII.

 

            Après quoy nous sommes retirés à cause de l'heure tarde et renvoyé la continuation du présent inventaire à demain 5 dudit mois et nous sommes soussignés E. de Puech de Senaus, Julien, Laborie, Calvet notaire commissaire signés.

 

 

 

            (Le lendemain 5 Novembre à 8 h. du matin les mêmes viennent continuer l'inventaire).

 

 

 

            Et du même instant ladite dame de Puech veuve nous auroit conduits à la chambre haute de la dite maison sur la droite en entrant dans laquelle avons trouvé deux lits garnis et des cheses bois couvertes de toile que ladite dame a dit être de l'hérédité de son père, à cause de quoi ils n'ont pas été inventoriés.

 

            Plus un cofre bois noyer que ladite dame a dit comme dessus etre de ses père et mère, duquel ledit S. de Senaus se servait, et l'ayant ouvert y avons trouvé ce que s'ensuit :

 

            Premièrement un habit du défunt, drap d'Elboeuf gris demy usé avecdes boutons d'argent, sa culote et veste de même étofe.

 

            Plus un autre habit de droguet couleur marron avec des boutons feuille d'argent, sa culote et veste de meme demy usé.

 

            Plus deux paires culotes, l'une de drap gris et l'autre chamoix demy usées, plus six paires bas estame de plusieurs couleurs demy usés.

 

            Plus trois paires bas laine demy usés. Plus quatre paires bas toile en etrieu et six paires chaussons de pied.

 

            Plus six chemises de Rouän, six cravates moussouline et six paires manchetes batiste demy usées.

 

            Plus six mouchoirs toile peinte de plusieurs couleurs. Plus trois paires souliers demy usés. Plus une paire botines.

 

            Plus trois chapaux l'un fin avec un bord d'argent et les autres unis avec leurs cordons usés.

 

            Plus trois perruques, l'une presque neuve et les autres vieilles et usées.

 

            Plus une ousse de drap fin bleu et les faux fourreaux de meme avec une nate d'or de demy pied de large demy usée.

 

            Plus une épée avec sa garde et poignée jeaune et son fourrau, bonne. Plus une paire pistolets faits à Gijounet quasi neufs.

 

            Plus un mantau décarlate fort vieux. Plus un mantau sargue pour un valet, vieux. Plus un porte mantau cadis bleu, vieux.

 

            Plus une ginissiére garnie de tire bourre dans laquelle a été trouvé une livre poudre et une livre plomb, avec trois poires à lever poudre.

 

            Plus a été trouvé dans un sac toile la somme de 200 L. argent en deux louis de 20 L. et 32 écus de 5 L., duquel argent le S. de Senaus en donna 100 L. à la demoiselle de Bouisset deux jours avant sa mort pour s'acheter une robe de laquelle ladite demoiselle a fait reçu, qui a été inventorié.

 

            Plus un cabinet bois noyer à quatre portes fait en menuiserie commune tout neuf que le S. de Senaus acheta à St Sever, dans lequel a été trouvé 40 linseuls toile chanvre moitié fine et l'autre remesteli, bons.

 

            Plus 15 douzaines servietes, six à petits carraux ou à l’amente fleurie et les autres grossières, neuves.

 

            Plus 15 napes à petits carreaux moitié fines et les autres autrelis.

 

            Pus 15 livres pain cuit et 40 livres fil d'étoupe cuit. Plus 40 livres lard et 30 livres graisse dans des pots.

 

            Plus 20 livres huile dans une bouteille de terre.

 

 

 

            Et de ladite chambre étant entrés dans l'autre chambre joignant, n'y avons trouvé que deux lits garnis que ladite dame a dit être de l’hérédité de ses père et mère, avec quelques sièges de même que nous n'avons pas inventoriés, sinon une petite table ronde en pliant que ladite dame a dit être de l'hérédité dudit S. de Senaus.

 

            Et de là étant passés dans les greniers de la maison qui sont sur la gauche en montant le degré, y avons trouvé de grains et de farine de plusieurs espèces que ladite dame a dit devant être inventoriés comme étant provenus de ses biens propres à elle et qui doivent être partagés avec les sieurs et demoiselle de Bouisset, ni non plus plusieurs cribles, tamis et paillasses comme luy appartenant en propre à elle, ledit S. de Senaus ayant ceux qui sont provenus de son bien à Senaus, à Cabanes et à Malviés.

 

            Et desdits greniers étant descendus à la cave y avons trouvé plusieurs vaisselles vinaires, comme pipes, barriques et barriquats, de laquelle vaisselle ladite dame veuve a dit n'en appartenir qu'une pipe audit S. de Senaus avec le vin qui est dans icelle qui la remplit, y en pouvant avoir environ 14 quintaux du vin de restes de celuy qu'il fit porter de Peyriac l'année dernière 1710.

 

            Plus dans un barriquat y avons trouvé environ un quintal de vin pour l'usage de la maison.

 

            Et de la cave étant allés à l'écurie qui est sur la droite en sortant de la cour y avons trouvé un cheval poil rouge de l'âge d'environ 13 ou 14 ans avec la selle, bride, et licol et bas arnois pouvant valoir environ 150 L.

 

            Plus une jument poil rouge d'environ 10 ans avec la sele, bride et bas arnois vieille et de peu de valeur pouvant valoir environ 100 livres.

 

            Plus une jument poil rouan de l'âge de cinq ans sans aucun arnois que ladite dame a dit luy appartenir.

 

            Plus une étrille et brosses vieilles.

 

            Et de l'écurie étant entrés dans une étable tout proche y avons trouvé un pourceau vieux qui doit être employé pour l'usage de la maison pouvant valoir 20 L.

 

 

 

            (A cause de l'heure tardive on se sépare. D'ailleurs il n'y a plus rien appartenant au seigneur de Senaus à inventorier à la Sautié. Le sieur de La Borie dit qu'il y a les lieux de Senaus, Malviés et Cabanes "où il nous faudra transporter pour continuer le présent inventaire".)

 

 

 

            Le Château de Senaus. Le 17 Décembre 1711 les mêmes personnes "étant arrivés dans le château de Senaus sur les 9 h. du matin où nous aurions trouvé ladite dame de Puech, et en sa pésence étant entrés dans la cuisine qui est sur la droite en entrant, y avons trouvé une armoire avec son dressadou dessus vieux et à l'antique, bois publier, dans lequel a été trouvé cinq plats, deux assiettes creuses, douze autres assistes, deux ecuelles et deux salières étant du poids de 30 L.

 

            Plus un chauderon cuivre du poids de six livres avec son anse fer. Plus un petit flandrin leton du poids de trois livres. Plus une paire landiers fer du poids de 30 L. Plus une paile fer. Plus un cremal avec aneau fer. Plus une plaque fer servant de devant de feu. Plus deux astiers du poids de 20 L.

 

            Plus un coffre bois serisier fermé à cléf sans rien dedans. Plus une mait servant à pétrir pain avec son couvert, quasi neuve.

 

            Plus un petit cabinet au fonds de la cuisine fort vieux et à l'antique à deux portes fermé à clef dans lequel a été trouvé quelques flacons et verres.

 

            Plus une bassinoire et une casse pour la lessive du poids de huit livres avec les queues fer.

 

            Plus un poilon leton. Plus deux casses fer, pour le pot. Plus une grille fer. Plus un réchaud. Plus une broche fer. Plus une cage servant à tenir la viande, couverte de toile. Plus deux fers servant à glisser le linge.

 

            Et de la cuisine étant entrés dans la cave joignant icelle y avons trouvé une vieille barrique sans rien dedans. Plus une caisse servant à tenir le bled, fort vieille sans serrure ny clef.

 

            Plus une tine pierre fine servant à saler les cochons.

 

            Plus quinze canes de planches publier ou chêne. Plus trente soliveaux.

 

            Et de là étant montés à la chambre qui est à la gauche sur la cuisine y avons trouvé un bois de lit de chêne vieux entouré de rideaux cadis couleur d'or que ladite dame a dit luy appartenir, avec sa coëtte, cuissin et matelas qui s'est trouvé dedans, ayant été porté de la Sautié.

 

            Plus un autre petit bois de lit proche la cheminée entourée d'un linseul avec la coëtte remplie de plume du poids de 30 livres et une couverte laine blanche usée.

 

            Plus un cabinet à deux portes bois de chêne dans lequel a été trouvé six linceuls, quatorze douzaines (168 !) serviettes moitié fines et moitié grossières usées, quatre napes moitié fines et moitié grossières.

 

            Plus un coffre bois noyer fermé à clef dans lequel a été trouvé plusieurs actes, titres et papiers de la maison partie en parchemin fort vieux comme livres des mémoires des sieurs de Linas, de St Sever, de Roquette et autres homages, reconnoissances, liefves, ventes, quittances, production de procès concernant les terres de Senaus, Cabanes et Malviés, que n'avons pas trouvé à propos d'inventorier, que nous avons laissé dans ledit coffre que ladite dame a fermé avec sa clef.

 

            Et de ladite chambre étant descendus dans la sale qui est sur la droite en descendant, y avons trouvé 200 setiers ségle dans deux greniers, tant vieux que nouvaux, dix cetiers margal, et 20 setiers avoine.

 

            Et de là étant entrés dans toutes les autres chambres et appartemens dudit château n'y avons rien trouvé, sinon dans la cour un grillat fer pouvant peser environ trois quintaux.

 

 

 

La Métairie.

 

 

 

            Et de la cour étant allés à la meterie qui est là joignant le chatau, aurions appellé les nommés Bouissets métayers en icelle pour nous indiquer les cabaux, charretes et outils aratoires qui en dépendent et à leur présence étant entrés dans l'étable du bétail à corne, y avons trouvé deux paires boeufs, une paire tauraux, deux paires vaches menant un veau chacune, une jurgue, un taureau de l'âge de deux ans.

 

            Plus deux charretes férrées avec un fusol chacune, assez bonnes.

 

            Et de là étant allés à la bergerie du bétail à laine y avons trouvé 120 bêtes, sçavoir 40 moutons, 60 brebis, 20 agnaux et agnelles.

 

            Et de là étant entrés dans un étable de ladite métairie y avons trouvé quatre cochons vieux, lesquels cabaux avons laissés entre les mains et au pouvoir desdits Bouissets comme ils les avoint cy devant. Après quoy nous sommes retirés, ayant renvoyé la continuation du présent inventaire pour les lieux de Cabanes et Malviés à un autre jour…

 

 

 

            Cabanes. Le 22 Décembre 1711 Me Calvet, MM. Laborie et Julien se transportent à Cabanes, où ils trouvent la dame Ester de Puech "dans une chambre bâtie de neuf, et dans icelle un bois de lit de chesne vieux entouré de ridaux sargue grise, avec un matelas laine pesant 40 L. une paillasse, deux linceuls toile commune et une couverte laine blanche demy usée.

 

            Plus un autre petit bois de lit de peu de valeur, entouré d'un linceul, n'y ayant qu'un traversin rempli de plume, une paillasse et une couverte sargue grise.

 

            Plus un déshabilloir bois chesne à deux portes et deux tiroirs fermé à clef. Plus une broche fer, une salière et six cuilières étain.

 

            Et de là étant entrés dans le grenier joignant la chambre, y avons trouvé 120 setiers ségle. Plus 30 setiers avoine et 5 setiers paumoule.

 

            Et de là étant sortis avons appellé Jean Marty métayer à la Métairie-Haute pour nous indiquer les cabaux qu'il a en son pouvoir, lequel nous auroit conduits dans la bergerie qui est au-dessous dudit grenier, dans laquelle nous avons trouvé 140 bêtes à laine consitant en 30 moutons, 80 brebis et 30 agnaux ou agnelles.

 

            Et de là étant allés à l'étable du bétail à corne y avons trouvé deux paires vaches et menant un veau chacune et une génisse.

 

            Plus dans un étable quatre pourceaux vieux et trois de jeunes Plus deux charretes férrées avec leur fusol fort vieilles, lesquels cabaux et charrettes ont resté au pouvoir dudit Marty, métayer, comme cy devant.

 

            Et de ladite métairie étant allés à l'autre qu'on appelle la Métairie Basse, avons appelé Jean Marc, métayer en icelle, pour nous indiquer les cabaux qu'il a en son pouvoir, qui nous aurait conduits dans l'étable du bétail à corne où nous avons trouvé trois paires vaches, la plupart vieilles avec trois veaux jeunes.

 

            Plus une petite jumant et un poulin pouvant valoir environ 40 L. Et de ladite écurie ayant été conduits dans la bergerie y avons trouvé 150 bêtes, à laine, sçavoir 40 moutons, 80 brebis et 30 agnaux ou agnelles. Plus quatre pourceaux vieux et deux de jeunes.

 

            Plus deux charretes ferrées avec leur fusol chacune, vieilles et usées, lesquels cabaux et charretes ont resté au pouvoir dudit Marc comme cy devant.

 

 

 

            MaIviés. Le lendemain 23 Décembre 1711 Me Calvet et ses deux amis vont trouver la dame de Puech (car on lui donne toujours son nom de jeune fille) à Malviés, "et étant entrés dans la maison y avons trouvé plusieurs meubles et effets, lesquels ayant voulu inventorier, ladite dame a dit n'être nécessaire, à cause qu'elle en est chargée par un état et inventaire quy lui fut fait lorsque M. de Linas en fit la remise, conformément à la transaction passée entre luy et feu M. de Senaus, quy est employée dans le présent inventaire sous cotté N° XXX. N'y ayant que quelques grains qui ont été recueillis dans le bien dudit Malviés l'année dernière, qui n'y sont compris, qui consistent en 52 setiers fromant, 15 cetiers mesturet, 15 cetiers avoine, 2 setiers besses, trois cetiers paumoule et une barrique vin de sept quintaux, fort verd ».

 

 

 

            On demande à Ester de Puech s'il y a d'autre mobilier appartenant à feu son mari, Jean de Goudon de Senaux ? "Mains mises sur les Saints Evangiles elle jure qu'elle a tout déclaré et qu'elle ne retient rien par dol ni fraude".

 

            Enfin le 30 Décembre 1711 le notaire Calvet et ses assesseurs reviennent à la Sautié pour lire à Ester de Puech l'inventaire que dessus. On estime le tout à quinze cents livres "pour régler le droit de controlle" : nul doute que l'estimation soit très en dessous de la valeur. Abraham Guy, maître chirurgien et Louis Fargues, hôte (travailleur agricole) de Lacaze signent comme témoins avec Calvet, Julien, Laborie et Ester. Celle-ci paie 50 livres à Me Calvet et à Julien pour leurs vacations.

 

 

 

            12 Juillet 1715, les ennuis recommencent. Mathieu Barbara, conseiller du Roi, lieutenant criminel au sénéchal de la ville de Castres, subdélégué de Lamoignon de Basville, Intendant du Languedoc, "chargé par M. Boucher de la recette des revenus des régies des biens des fugitifs" fait à nouveau saisir ceux de Jean de Pech de Longuevergne "sorty du royaume en l'année 1688". Ester, sa fille, veuve de Jean de Goudon de Senaux, qui habite le château de Malviés dans la paroisse de Saint Sever du Monastié au diocèse de Vabre a succédé pour la moitié des biens de son père conjointement avec les sieurs Debouisset enfants de feue Marie de Pech, sa sœur. La part échue à Ester consiste dans les méteries de Riols, Larouillade, Longuesse et la Carrairié.

 

            "D'autre part on a compris dans la saisie les biens ayant appartenu à dame Izabeau Dejean, épouse de noble Marc-Antoine de Pech sieur de la Sautié, fils dudit feu Jean de Pech de Longuevergne, consistant aux méteries du Viala, du Fraissé, de Larigaudié, Pratlong et la Sériguéde, prétandant qu'ils avoint aparteneu audit Marc-Antoine de Pech, quoyque ils appartinssent à ladite Izabeau Dejean, à laquelle dame Anne de Franc sa mère a succédé comme plus proche" (Isabeau et son mari n'ont donc pas eu d'enfant) "et jouy de ses biens jusqu'au 6 Mars 1714 qu'elle est décédée, ayant institué son héritière Ester sa fille"...

 

            (On apprend qu'Isabeau De jean est fille d'un premier mariage d'Anne de Franc, et donc demi-sœur d'Ester). "Les biens ne sont point au cas de la Régie, attendu que la dame suppliante (Ester) a toujours fait son devoir de catolique ; qu'elle tient chez elle depuis huit ans un précepteur écclésiastique approuvé pour l'instruction et éducation de ses enfants, quy sont au nombre de huit, et que la dame Anne de Franc sa mère quy avoit succédé à ladite Izabeau Dejean avoit aussy toujours fait son devoir de catoliccité, estant meme décédée dans cette volonté suivant les certificats du curé de la paroisse de St Sever de Vabre duement légalizés".

 

            Comme au diable, qui ne fait rien pour rien, il faut laisser quelque chose à ce pouvoir avide et voleur. "Le traitant (Mathieu Barbara) n'ayant rien à dire contre les certificats de catolicitté sest réduit à demander que les fruits du passé" (les récoltes déjà faites) "restassent à la Régie, mais attandu que la saisie a été faitte sur un faux avis (une dénonciation) et sans certificat de non catolicitté, que la dame suppliante et sa famille ont toujours fait leur devoir de catoliques, dans le temps même que la saisie a été faitte". Ester Goudon de Senaux demande non seulement la main-levée de la confiscation de ses biens, mais encore la restitution des revenus par les fermiers et séquestres.

 

            De Montpellier, le 18 Octobre 1715, Lamoignon lui rend justice : l'huissier Barthélemy Salvetat signifie à Louis Gourc, marchand de Sablairolles et à Jean Bruniquel de Pierre-Ségade, fermiers séquestres, de remettre le prix de leur baux à autre personne qu'Ester de Goudon. Il leur remet son exploit les ayant trouvés au foirail de Viane.

 

 

 

            En 1725 Ester a 46 ans. Mariée en 1698 son fils aîné Jean-Jacques ne peut avoir plus de 26 ans et le petit dernier Auguste peut-être quatorze. En treize ans de mariage Ester et Jean de Goudon de Senaux ont eu neuf enfants : Jean-Jacques, Jean, Maurice, Gabrielle, Isabeau, et Auguste. Françoise, qui a épousé Louis Bonafous (qui s'attife d'un "de Bonafous") et deux garçons qui sont morts : Marc-Antoine et Louis. Le 5 Août les sept enfants restants, dûment assistés de Jean Cabanes, marchand, leur curateur nommé le mois précédent) et qui n'intervient que pour la validité de l'acte, signent avec elle un accord à Lacaune.

 

            Voici pourquoi. Le 19 Mars 1634 (presque cent ans auparavant...) Isabeau de Goudon, lointaine ancêtre de son mari, institua pour héritiers Jean de Goudon sieur de Linas et Ester de Goudon.

 

            Lui eût les terres et seigneuries de Senaux et Cabanes. La testatrice voulut que les biens demeurent dans la famille, sans que les autres enfants y puissent prétendre. Elle avait 12.000 livres de dettes qu'elle chargea son hériter d'acquitter. Celui-ci jouit de l'héritage jusqu'en 1663 où probablement il mourut, mais en tout cas ne paya pas un centime.

 

            Son fils, Jean-Jacques de Goudon de Senaux, employé à payer les dettes 11.000 livres de la dot de sa femme, Mademoiselle de Mailhan.

 

            Quand il mourut, celle-ci fit saisir les biens de Goudon de Linas, demandant le remboursement de ce que son mari a payé : ainsi en décide la Chambre de l'Edit de Castres le 12 Septembre 1671.

 

            Or les biens libres de Linas ne consistent que dans le domaine de Malviés, joui par Jonathan de Goudon. Senaux forme instance au Parlement de Toulouse contre Louis de G. de Linas, fils de Jonathan. Il demande une estimation, et que les biens du premier héritier, notamment Malviés, lui soient affectés.

 

            Linas prétend avoir des "hypothèques privilégiées" sur ces biens libres et avoir joui de Malviés par "droit d'incistance".

 

            Après un grand procès qui a l'air de s'étaler sur quarante ans, on transige, le 7 Juillet 1711. Linas abandonne à Senaux tout ce qui appartenait au premier héritier, et se charge même de rendre compte des effets par lui délaissés à sa mort, suivant l'inventaire dressé par la dame de Bayne son épouse.

 

            En revanche Senaux s'oblige à lui verser 8.000 livres pour solde de tout compte. Le 4 Août, comme on a vu, Senaux fait son testament. Il lègue à chacun de ses enfants 2.500 livres et institue pour héritiers universels son premier et son second fils : Jean-Jacques et Marc-Antoine. Il prie Ester de payer les 8.000 livres sur ce qu'elle pourra épargner sur ses biens, à lui, qu'il lui donne, jusqu'à ce que ses enfants aient atteint leur majorité : 25 ans.

 

            Puis il meurt. Ester, comme on a vu, fait faire l'inventaire des biens et prend les rênes, avec sa nombreuse famille. Elle paie les dettes. Deux de ses fils : Marc-Antoine et Louis meurent.

 

            Probablement à sa majorité, elle veut rendre compte de son "administration tutélaire" à son ainé, Jean-Jacques.

 

            Celui-ci trouve trop chère l'hérédité de son père et la refuse. Dans la suite il reconnaît que ce refus est contraire à ses intérêts "et peut le jetter dans des grands embarras". Il croit aussi que sa mère lui a fait préjudice dans le compte qu'il lui a rendu. Il la fait assigner devant les juges ordinaires de St Sever le Moustier, tant en son nom qu'en celui de ses frères et sœurs. Il demande même Malviés, où sa mère vit depuis son veuvage. Il offre de lui payer tout ce qui lui est dû. Devant l'ingratitude de ses enfants, Ester contrattaque : elle demande non seulement ce qu'on lui doit, mais les intérêts "qu'elle fait revenir à des sommes considérables". Les enfants demandent des comptes sur Senaux et Cabanes "qu'elle a joui depuis le décès de son mari jusqu'en 1719 ainsi que Malviés dont elle jouit encore actuellement". Si elle rend ses comptes, disent les enfants, elle se trouvera payée d'une bonne partie des sommes qui lui sont dues. Ils s'appuient sur le testament de cette vieille Isabeau d'il y a cent ans, qu'ils n'ont jamais connue, pour attaquer leur mère.

 

            Néanmoins, quelque homme de loi plus rassis a dû leur ouvrir les yeux, "les parties prévoyant les embarras prodigieux dans lesquels elle se vont plonger, les frais immenses auxquels elles s'exposent et la désunion que le procès peut produire entre elles, pour conserver la paix et la concorde qui doit régner entre elles" décident de liquider les sommes dues à leur mère.

 

8.000   livres payées à Linas d'ordre de leur père.

 

1.600 payées par Ester à ses belles-sœurs.

 

550 toujours payées par elle à Cabrol de Verdun, sieur de Grualgue.

 

400 de sa dot à elle (on voit qu'elle vient d'une famille peu aisée).

 

3.000   de son augment "qui devait faire retour après son décès à son fils".

 

1.500 du gain de survie (ce que nous appelons usufruit) conformément à son contrat de mariage et "la légitime qu'elle prétend sur les biens de son fils Marc-Antoine, revenant au tiers du tiers de ce qu'elle aurait eu ab intestat" - et la part aussi sur l'héritage qu'aurait touché son fils Louis. Plus les intérêts des sommes qu'elle a payées. Le tout monte à 15.400 livres.

 

            Maitres Quinquiry, Hulau et Caminel, avocats, dressent un accord.

 

            Jean-Jacques "pour donner à ses frères et sœurs une marque de son affection et leur procurer un établissement convenable, leur payera à chacun 2.250 livres" : on a baissé de 250 L. le legs paternel. Ils promettent "de ne plus rien demander".

 

            Puis Jean Jacques promet de payer à sa mère 16.500 livres capital et intérêts, à quoi elle a volontairement réduit sa demande. Vu la réduction qu'elle lui consent, il renonce aux 3.000 L. de l'augment "qui lyy (à elle, Ester) demeureront irrévocablement acquis".

 

            Elle promet de le faire tenir quitte envers ses frères et sœurs (dont visiblement elle s'occupe toujours) de leurs légats jusqu'à ce jour. "Ils s'en déclarent entièrement payés au moyen de la nourriture et entretien que leur mère leur a fournis".

 

            On n'a toujours pas payé les intérêts des 2.000 livres de la dot de Françoise : son frère Jean Jacques devra s'en charger, depuis le 21 Avril 1719, plus 250 L. qui est la part de Françoise sur l'héritage de son frère Louis.

 

            Jean-Jacques tient sa mère quitte de son administration tutélaire, c'est-à-dire de l'éducation de ses enfants. Quelques temps auparavant elle a reçu de lui 300 L. on ne dit pas pourquoi. Puis il lui délègue 1.450 L. que lui doit Antoine Guibbal, du masage de Panissac, terre de Combret, pour une terre qu'il lui a vendue (Me Amilhau notaire à St Sever, 1er Août I725) : c'est à elle à se faire payer.

 

            Ensuite on arrive au principal de l'affaire. Jean-Jacques vend à sa mère le domaine de Malviés, à Saint Sever "consistant en maisons, jardins, preds, champs, bois, vignes, terres cultes et incultes avec leurs fiefs et dépendances, ensemble la méttairie de Salelles"… S'y ajoutent des rentes annuelles, qui (si elles sont payées) rendent très confortable la vie d'une veuve : 20 setiers de froment, un pourceau de dix livres, dix chapons ou gélines, dix charretées de bois à brûler que Pierre Bouissou, de Ramairols "luy fait annuellement pour le bien quy luy avoit esté bailhé à loccaterie" ; plus une rente annuelle de cinq setiers deux quarts de froment, quatre charretées de bois à brûler et cinq volailles que Pierre de Pierre, du masage de Bouzieys lui fait aussi pour des terres qu'il loue. Antoine Pagés, de Ramairols, doit lui aussi deux setiers de froment pour une location de terre : tous ces baux remontent à plusieurs générations et étaient légués ni plus ni moins que des biens propres.

 

            Tous ces biens de Malviés relèvent de "la seigneurie directe du Vénérable Chapitre de Vabre". Jean-Jacques ne sait en quoi consistent les droits et devoirs seigneuriaux : sa mère doit l'en tenir quitte, vu qu'elle jouit de Malviés depuis quatorze ans que son mari est mort.

 

 

 

Jean-Jacques vend à sa mère le domaine de Malviés          15 250 livres
"Les cabeaux à grosse corne et à laine, pourceaux,
chèvres, charrettes et outils aratoires à Malviés et
à Salléles, et les meubles meublants"                                      
2 000 L.

 

La dette d'Antoine Guibbal                                                       1 450 L.
Somme de Jean-Jacques à sa mère                                             300 L.

 

                                                                                                 19 000 L.

 

 

 

            En Ötant les 16.500 livres demandées par Ester, elle reste devoir à son fils, si l'on sait compter : 2.500 livres. Or elle reconnaît devoir 2.800 et ne proteste pas ! C'est bien la peine d'écrire ce gros cahier de 32 pages pour en arriver à une erreur d'addition aussi enfantine ! Quoi qu'il en soit, Ester s'engage à payer là-dessus sa légitime à sa fille Isabeau : 2.250 livres, et les 550 livres restant à sa fille Gabrielle ; Jean-Jacques payant le surplus. C'est là qu'on voit qu'aucun des enfants, sauf lui, n'est majeur, et toujours à la charge de leur mère.

 

            L'acte, retenu par Barthélémy Barthés, notaire de Lacaune le 5 Août 1725, a eu pour témoins son frère Marc-Antoine, Philippe de Boyer, sieur de la Lauze, capitaine au régiment de Lionnois, chevalier de l'ordre militaire de Saint Louis ; de Falgairolles, et Alexandre Boyer sieur de la Borie, de Saint-Sever.

 

            Ester ne perd pas de temps ; en septembre elle paie le droit de lods de l'acquisition à Jean-Félix Annat, archidiacre du chapitre cathédral de Vabre, pour bien prouver qu'elle est nouvelle propriétaire. Celui-ci lui fait grâce du tiers de la somme. Elle ne doit que 836 livres 3 sols. Le document est intéressant en ce qu'il nous nomme les chanoines présents à la délibération : Louis-Anne de Maserand (chantre), Barthélemy Valette, Jean Coustous, François de Boziac de Barlière, Jérosme Durand, Louis Flury, Denizon, et Joseph Jacques Vaissière. Le secrétaire Ostry.

 

 

 

            Ester teste en 1745. Elle vit encore en 1750 (71 ans). Son fils Jean-Jacques avait testé en 1727. Il avait épousé Antoinette de Galtier dont il avait un fils : Jean François de Goudon.

 

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