La Révolution à la Française ou la misère au village (29 janvier – 16 septembre 1794)


Par Jean Escande

 

 La Révolution à La Française... Voilà qui fait rêver, dans le droit fil de 1789. Quoi de plus beau, quoi de plus fringant qu'une révolution à la française ? Et quand, en plus, le patelin où elle se carre, s'épanouit, porte justement le nom de La Française, tous nos vœux sont comblés : nous allons assister à une de ces reconstitutions où depuis deux cent ans excellent les manuels d'Histoire Officielle, Victor Hugo et les films soviétiques : mâts de cocagne, jolis drapeaux tricolores, paysans en carmagnoles brunes et sabots vernis à bords recourbés qui dansent autour de l'Arbre de la Liberté... Hélas ! Si les paysans dansent, c'est devant le buffet, comme nous l'apprend le document inestimable que je viens d'acquérir en vue du Deuxième Centenaire de notre immortelle révolution.

"Correspondance de lagent national de Lafrançaise, an treise", ainsi s'intitule ce cahier broché de 19 X 24 5 cm, au papier bleuté filigrané « I. BALLANDE DE GAVAVDVN ». Le filigrane présente deux emblèmes qu'on n'aurait pas cru rencontrer dans un écrit révolutionnaire : une étole croisée, au milieu d'un blason surmonté d'une couronne royale à trois fleurs de lys. Si quelque jacobin renforcé avait eu l'idée de regarder par transparence de tels "restes de la féodalité", comme il est dit dans le texte, nul doute qu'il aurait fait chaud pour le scripteur : la révolution est pleine d'exemples d'innocents citoyens envoyés à l'échafaud pour avoir écrit sur du papier marqué de couronnes filigranées.

Première erreur : ce n'est pas de l'An Treize, mais de l'An Deux qu'il s'agit, celui de la Terreur. Le titre a du être donné sous l'Empire, par quelque secrétaire indifférent qui rangeait des archives : pour lui 1794 ne pouvait être que l'An Treize. On avait déjà tout oublié, dix ans après...

Lafrançaise, ou La Française, est un village sur un éperon rocheux, au-dessus de la route nationale qui mène à Montauban. Au bord de la route s'étend une vaste saulaie où nous faisons la sieste, quand nous redescendons du Pays d'Auge pour rejoindre notre Tarn. C'est un pays apparemment paisible. Et riche. Montauban n'est pas loin.

L’Agent National de l'An Deux, qui nulle part n'a signé ces cent et une pages manuscrites à l'orthographe fantaisiste, a tenu un double de sa correspondance avec l'Agent National de Montauban, son supérieur hiérarchique qui changera, lui, assez souvent, comme on voit par des lettres jointes au cahier. L’agent national de La Française écrit chaque décadi : le dixième jour, qui est censé remplacer, dans le calendrier républicain, le dimanche. Cela du 10 Pluviôse au 30 Fructidor de l'An Deux : du 29 Janvier au 16 Septembre I794 : de la mort de La Rochejacquelein à la réaction thermidorienne. Que de chemin parcouru en sept mois et demi ! Que de dates immortelles dont nul ne se souvient ! En fait, au nom du Bonheur Universel ("Le Bonheur est une idée neuve en Europe", aurait dit le terroriste Saint-Just, qui envoyait si facilement ses adversaires à l'échafaud), jamais on n'a tant massacré de Français de tout âge, de toutes conditions, en choisissant les plus faibles, ceux qui pouvaient le moins se défendre : femmes et enfants vendéens, prêtres et vieillards que Carrier faisait noyer dans la Loire. C'est le Règne de l'Egalité et de la Fraternité : la disette, la dénonciation et la peur sont partout établies par les Comités Révolutionnaires ; et là aussi, ce sont les plus nombreux et les plus démunis, les gens du peuple, qui en pâtissent - nullement les riches qui ont pu s'enfuir depuis belle lurette à l'étranger. Comme en Russie Soviétique, on ne se déplace pas d'un village à l'autre sans un passeport dûment estampillé par la mairie. On n'a pas le droit d'acheter ni de vendre à un autre prix que celui fixé par le gouvernement : c'est la Liberté. Voilà le vrai climat des campagnes, où vit 90 % de la population. Dans ces conditions, que les cliques politiques s'entrégorgent n'intéresse personne : il n'est question dans aucun des rapports des malheurs intimes des Feuillants, des Cordeliers, des Hébertistes, des Dantonistes et autres Enragés dont se gargarisent depuis deux cent ans les historiens professionnels : à cent mètres de leur quartier parisien, ces gens étaient parfaitement inconnus, tout comme de nos jours les hommes politiques, qui ont pourtant l'appui inconditionnel des médias. Les soubresauts de la capitale laissent froids les paysans, qui ont autre chose à faire... L'exécution de Robespierre est surtout perçue comme la fin de la Terreur.

Qui est d'ailleurs l'agent inconnu de La Française ? D'après ses lettres, c'est un personnage ponctuel et zélé, qui répond à un questionnaire administratif dont l'univers entier nous envie la précision : Exécution des Lois, Subsistances et approvisionnements, Culture des terres, Salpêtre, Instruction Publique (rubrique fugitive, peu estimée), Esprit Public (très important). Ce n'est pas tout à fait de la délation : juste une surveillance. L'agent inconnu est un fonctionnaire type, gratte-papier intégral dont, depuis, chaque gouvernement nous a dotés, en nombre de plus en plus envahissant. Zélé, ponctuel, méticuleux à l'excès, tatillon, et splendidement inutile, l'agent national de La Française est le scribouillard dans toute sa splendeur, le Père Soupe de l'An Deux A part remplir ses formulaires et coller ses affiches, il est incapable de tout autre métier.

Je regardais l'autre jour, à la télévision, un universitaire pas du tout au chômage. Il venait d'écrire, pour quelque I.N.R.S. ou C.N.S.E.E. un rapport dont l'utilité était vivement ressentie sur les "Coopératives Agricoles du Lauragais". Bien vêtu, la barbiche à la Lénine soigneusement dessinée, il assénait avec force des tartines de chiffres à deux ou trois responsables de ces coopératives qui le regardaient, à la dérobée, d'un sale œil. Les responsables étaient des paysans qui faisaient tourner depuis trente ou quarante ans lesdites coopératives. Et il était visible que l'universitaire était incapable de distinguer un frêne d'un grain de maïs. Néanmoins c'est lui qui leur faisait la leçon, qui les répoutéguait, avec la vigueur et la conviction d'un nez-aux-frites. Comme les autres n'avaient pas la langue si bien pendue (ils ne savaient que faire pousser le grain de maïs), ils se taisaient, se contentant de lancer des regards noirs, mais prudents, au coquelet chanteur du C.N. R.S. Le spectacle était assez réjouissant. Il me semblait assister à une réunion des officiers municipaux de Lafrançaise, en face de leur agent national, qui les décrit ainsi amèrement : "Comme nos officiers municipaux sont la plupart de la campagne et que les travaux les pressent, ils n'ont pas soin de se rendre (aux séances municipales) et bien souvent on ne peut tenir des délibérations, faute d'assiduité de certains, qui paraissent prendre plus de part à leur intérêt personnel. Je pense qu'une semonce de ta part serait à sa place et pourrait faire un grand bien en les obligeant à se mettre à la hauteur des circonstances, et de prendre la vigueur républicaine qu'exigent les besoins urgents de notre patrie." Les besoins urgents de la patrie ne sont pas de faire pousser les féverolles dont se nourrira l'agent national, mais d'aller bavasser à perdre haleine sur les bancs de la mairie... (30 Prairial an 2). Si l'Agent National avait eu les moyens que deux cent ans après lui on met entre les mains de ses descendants directs, les fonctionnaires et autres chercheurs inutiles, nul doute qu'il n'ait pondu un rapport de 3 000 pages à sortir sur les presses de l'Imprimerie Nationale. Je vais le faire pour lui - en lui conservant ses modestes 30 pages, et en le présentant dans un esprit un peu plus critique que le sien envers la Belle Révolution.

Dès le premier rapport, l'Agent National fait à la fois son autocritique et son propre éloge. "Pénétré de mon devoir quand la loi m'ordonne et animé du vrai désir de sa promulgation et de son exécution, j'entre pour la première fois depuis mon épuration ordonnée par la loi..." Dommage qu'il ne dise pas laquelle, d'épuration. N'importe. C'est un jacobin bon teint, docile, cafteur, nul à tous les points de vue : un instrument comme en forgent tous les partis politiques. On le nourrit : il en donne pour leur argent à ses supérieurs. Pas trop néanmoins : il ne force pas. Quand il ne sait que faire - c'est-à-dire à presque chaque rapport, il demande sans complexe : à être éclairé. C'est une courroie de transmission docile et inerte. Socialement, un de ces nombreux demi-lettrés comme l'époque en fournit à foison. Son orthographe, que j'ai conservée comme un précieux document d'époque, est capricieuse et phonétique, mais n’indique nullement un illettré. Bien au contraire, il s'exprime plutôt correctement. Son écriture est rapide, jolie, assez gracieuse. Evidemment, quand il écrit, à propos de rarissimes allusions à l'instruction publique (le cadet des soucis de la République) : "deux instituteurs se sont présentés mais encore aucun deux na comancé de faire son écolle. »  Cela prête à sourire. Au moins pour l'orthographe, ils feraient mieux de commencer tout de suite. (30 Germinal). Mais notre homme a quelquefois des trouvailles de style : "Ce vaste champ de liberté et dégalité que nos représentans nous ont ouvert et qu'ils veulent simenter", écrit-il. Un champ qu'on ouvre pour le cimenter, évidemment, c'est un incontestable progrès.

 

Trois villages méridionaux sous la Révolution.

 

Après Escoussens, village de la Montagne Noire au sud du Tarn, et Villeneuve-de-Berg, cité administrative du sec Vivarais, La Française est la troisième commune dont j'étudie les papiers révolutionnaires. Il n'y a absolument rien de commun entre elles. Villeneuve de Berg est une cité de chats-fourrés, avocats, juges, magistrats minuscules et grippeminauds de basoche, qui passent leur temps à s'entredéchirer. C'est une ville artificielle, créée en 1284 par le roi Philippe III le Hardi pour des raisons administratives. Toutes proportions gardées, on peut la comparer à Brasilia, ou à ces villes italiennes crées par Mussolini en Lybie, à l'image de ces villes romaines d'Afrique du Nord elles aussi abandonnées aux sables : Volubilis, Leptis Magna... Le but avoué de la Royauté absolue est de sauvegarder sa prépondérance juridique dans un pays presque constamment soulevé par les protestants depuis la Révocation de l'Edit de Nantes. Les offices y sont, évidemment, achetables et transmissibles de père en fils. Ce qui ne fait pas l'affaire de tout le monde. A Villeneuve, on ne freina pas le mouvement révolutionnaire, bien au contraire on le devança. Le milieu rural y est plus pauvre que celui du Tarn, mais ce n'est pas la mentalité de ce milieu-là qui domine. Villeneuve est habitée par de petits, moyens et grands bourgeois, ces derniers très riches, peu nombreux et royalistes. Les autres forment une classe intellectuelle inoccupée, qui donne des avocats sans causes, des clubistes de bistrot et des motionnaires à toute plume, gens de chicane habiles à changer d'idées, à prendre les trains en marche et à retourner leurs carmagnoles. La Révolution est leur job. La jactance est leur bien-fonds ; l'écrit, leur production ; les prébendes gouvernementales, leur récolte. En période troublée, tous ces gens sont comme le fameux poisson dans l'eau : il n'est question que de projets fumeux et âneries diverses pour changer de société : n'importe quoi, pourvu que ça mousse. Manipulés par deux agitateurs professionnels, Choderlos de Laclos et le Comte d'Antraigues, le premier pour les jacobins de Paris, le second pour n'importe quelle barbouze qui veut bien le payer, les jacobins de Villeneuve essaient de se faire titulariser fonctionnaires à la faveur du tumulte général. Ils y arrivent si bien qu'après dix ans de troubles, de proscriptions, d’émeutes et de démolitions, Villeneuve de Berg est définitivement dépossédée de son rang de préfecture potentielle au profit de Privas, le "pot de chambre de l’Ardèche". Ni Napoléon ni Louis XVIII ne voudront rendre son rang à cette cité d'agités du bocal, qui depuis végète petitement.

Bien sûr, une bande de jobards, convenablement chauffés, ira aux frontières défendre les idéaux républicains qui ne lui rapporteront que des balles de plomb anglaises, autrichiennes ou prussiennes. Ou un boulet russe. (Ou espagnol, italien, portugais, croate, belge, illyrien, suédois, etc.). Tant pis pour eux. Ils n'avaient qu'à rester en France, à trafiquer comme tous les voyous du Directoire de chaussures en carton, de haricots charançonnés ou de vêtements de suppliciés. Ce sont des niais. Ils ont perdu. A Villeneuve, où la population rurale est très pauvre, ils sont nombreux à s'engager dans les armées de la République : près de cent, sur 2.100 habitants. (Délibération du 19 Juin 1792). Autant dire tous les jeunes gens. Par enthousiasme ? Non : pour essayer de manger. Comme leurs os parsèment tous les champs de bataille de l'Europe, ils n'achetèrent jamais, à pleines caisses d'assignats frais éclos de la planche à billets, la moindre parcelle de Biens Nationaux. Ces choses-là ne sont pas pour eux. Tout de même ils auront une satisfaction posthume : on les mettra dans les tableaux d'Edouard Detaille et les beaux poèmes de Victor Hugo. (Bien rentés tous les deux et pas morts sur la Ligne Bleue des Vosges).

- Mais alors, tous ces héros sont morts pour rien ?

- Mais pas du tout I Ils sont morts pour leurs nouveaux patrons : les maréchaux, les généraux, les sénateurs, les banquiers... (1).

 

 Notes :

(1) : Jean Escande : Revue de Villeneuve de Berg (Ardèche). N° 36 (1981) : Journal des années 1790 à 1793. N° 39 (1984) : Billets de confiance et tentative fédéraliste avortée. N° 41 (1985) ; N° 42 (1986) et N° 47 (1987) : La vie ordinaire à Villeneuve sous la Révolution.

 

A la même époque, au fond du Tarn, le village montagnard et forestier d'Escoussens voit partir sans déplaisir les seigneurs qui le possédaient depuis Louis XI : les Chartreux de Castres. Prudents par nature et peu enthousiastes pour la Révolution, ces petits paysans et ces bûcherons, agrémentés de nombreux charbonniers, savent par atavisme que "notre ennemi, c'est notre maitre". Ce qu'ils remarquent tout de suite, c'est la conscription obligatoire, nouveauté républicaine qui emporte tous les jeunes valides en état de prendre la cognée ou les mancherons de la charrue. Second détail qui les hérisse : le blocage des prix (le "maximum") de leurs produits : blé, orge, cochons, au profit des "faignants des villes" - en l'occurrence, Castres, Ils serrent leurs grains, tuent leurs cochons, et les jeunes gens gagnent la montagne pour échapper aux guerres décidées par les bourgeois de Paris. De toute façon les jeunes ne resteront pas sans rien faire : il y a assez de foin dans les prés de montagne et de patates à butter pour s'occuper. L'idéologie révolutionnaire mord si peu sur le milieu paysan que sur  une soixantaine de soldats requis entre 1793 et 1795, 22 désertent (1).Même l'appât du gain ne joue pas (à tort, d'ailleurs) : pas un seul des mille habitants du village ne se présente pour acheter les biens - considérables - des Chartreux. On a dit que l'achat de ces biens d'église avait été frappé d'excommunication : "Y toqués pas, aquélo borio souet panado !" ("N'y touche pas, cette ferme (des Chartreux) a été volée!") C'est vrai que la vente des Biens religieux Nationalisés fut considérée, en milieu catholique, comme un vol. Pourtant je pense plutôt qu'il faille voir, dans l'abstention d'achat, une conséquence de la vieille méfiance paysanne : "Et si les moines reviennent ? On leur rendra leurs biens. Et toi, qu'est-ce qui te restera ? Ni les terres, ni l'argent".

C'est dire s'ils font confiance aux idées nouvelles. Or, dira-t-on, ces paysans n'avaient pas l'argent nécessaire. C'est probable. Mais dans d'autres provinces, ils se sont coalisés pour acheter. Puis il y avait au village des bourgeois, riches ceux-là, qui auraient eu le pécune nécessaire. Ils n'achètent pas non plus. Ils ont, eux aussi, la mentalité et la méfiance paysannes. Le seul acheteur de tous les biens nationaux d'Escoussens est un bourgeois protestant, seul parmi ces mille catholiques. Par sa religion et son extraction, c'est un étranger au village.

Les paysans d'Escoussens sont très proches de ceux de La Française. A un détail près : ceux-ci subissent avec encore plus de dureté les rigueurs de la famine ambiante. Quand on a écarté les protestations d'allégeance à la République Une et Indivisible de l'Agent National, ce qu'on voit de plus clair, c'est la misère. C'est là qu'il faut lire avec soin la rubrique, chaque décade, des Subsistances et Approvisionnements. Elle est désastreuse. Le 30 Floréal, pour citer un exemple, comme il n'y a absolument rien à manger, "nous avons été obligés de ramasser le son de la commune, de le faire moudre, d’en retirer toute la matière qui peut être bonne à faire le pain, et après de distribuer le restant à ceux qui l’ont fourni, pour leurs bestiaux. Juge quel pain, et encore n'y en a-t-il que peu. Voila notre situation." Une situation écologique au possible. Une nourriture saine, dégraissée à l'extrême : le pain de son.           

Par contre, après l'affichage forcené et intensif d'arrêtés divers et variés - sur les émigrés, les biens ecclésiastiques, le port de la carte de civisme, que sais-je - qui doivent vivement intéresser cette population d'illettrés affamés, l'armée, et non l'instruction ou le pain - est le premier besoin du Peuple. Il n'est question que de sabres, chevaux, fusils, poudre... pour l'armée des Pyrénées Orientales, Occidentales... On fait en plusieurs "cuittes" bouillir les terres pour en tirer le salpêtre nécessaire à la fabrication de la poudre. C'est Sparte. Quelques papiers épars, antérieurs au cahier de l'agent national, donnent le ton. Le 2 Avril 1793, La Française, en exécution du décret du 24 Février, fournit au directoire du district de Montauban 46 fusils de guerre avec baïonnettes, 46 gibernes avec leurs banderoles, 44 sabres-biquets et 44 baudriers vernis le tout estimé par Gailhard, armurier de Montauban, à 48 livres l’assortiment, soit 2.194 livres. "Il est à propos de délivrer ces armes, dit le maire Moncuquet, dans une occasion aussi intéressante, pour le bien de la République, soit pour armer les 33 hommes que la commune a déjà faits, que pour armer tels autres que les corps administratifs aviseront". On a bien lu : des parents mettent au monde des humains, mais cela n'a qu'une importance négligeable. La commune, elle, FAIT DES HOMMES en les affublant de fusils, baïonnettes et sabres. Voilà qui est constructif.

 

Notes :

(1) : Jean Escande : « Vive la Montagne ! », volontaires et réfractaires de la Montagne Noire sous la Révolution. Sud-Tarn Tribune n° 28-29, avril 1980.

 

 

Le ventre creux et la poudre sèche, les paysans de la Française ressemblent assez à ces jacobins guenilleux, nourris de raves et d'escargots crus, que nous montrent les caricatures de Gillray et de Rowlandson. Encore seraient-ils trop heureux, d'avoir des raves et des escargots. Hélas ! "Nous avons fait commencer la moisson du seigle, quoi qu'elle ne soit pas encore dans la plus grande maturité, mais les besoins pressents nous ont nécessité cette indispensable besogne". (30 prairial). C'est vraiment ce qu'on appelle manger son blé en herbe.

La France de la Révolution est un pays occupé. Occupé par des idéologues qui, heureusement pour le pays, se sont entretués. Ils y ont quand même mis dix ans, ce qui est beaucoup dans la vie d'un homme. Mais peu dans la vie d'un peuple : quand on pense que la Russie est occupée depuis 70 ans par les mêmes atroces idéologues ! En voilà une révolution réussie ! [Ecrit avant 1989]. En France, le bon sens populaire revint assez vite à la surface, comme on le voit dans cette lettre des blanchisseuses du faubourg Saint-Marceau à Henriot, le dégénéré, la bourrique à Robespierre, général de guerre civile :

"Foutu satellite à Robespierre, il te va bien avec tes belles phrases de nous dire de nous priver de tout en bonnes républicaines. Fais nous donc accoutumer à ne pas manger, à ne pas blanchir le linge que tu portes, ainsi que tous tes jean-foutres dé députés qui ne manque de rien et qui se disent républicains et sans-culottes"... (1).

Ma foi, je trouve ça assez bien vu. Il est vrai que les blanchisseuses ont l'habitude de laver le linge sale. Deux cent ans après, elles verraient que les jean-foutres de députés n'ont pas changé, et continuent, sous couvert de progrès social, à se remplir les poches à tous les Carrefours du Développement.

Passons à la guerre révolutionnaire, spécialité des peuples en voie de libération définitive. Depuis le début du conflit Iran-Irak, pour nous aussi ennuyeux que s'il se déroulait sur la planète Uranus, on peut voir sur les écrans de télévision des vagues d'assaut de gamins fanatisés par la Révolution Islamique fauchées par les mitrailleuses. Certains n'ont pas douze ans. Il ne vient à l'esprit de personne de les admirer, et bien des spectateurs, à l'heure des repas, tournent le bouton pour regarder autre chose. Admire-t-on les Hitlerjugend qui, par milliers eux aussi, se sont fait descendre pour leur Führer ataxique et paranoïaque ? Ou les Japonais qui se suicidaient pour ne pas tomber aux mains des Américains ? Non : on trouve ça un peu con... Or, ce qui nous semble condamnable, horrible chez les autres, voilà pourtant 200 ans que chez nous on l'admire. Voici une tirade d'Octave Aubry, dans sa très officielle Révolution Française (Tome 2, page 131) :

"Il y a les enfants. Ah, ceux-là... nul n'est allé si loin dans le dévouement. A 14 ans, le petit hussard Bara, entouré par les Vendéens, se fait tuer pour avoir refusé de crier "Vive le Roi !" Le petit garde national Viala - 13 ans - est percé de baïonnettes sur les bords de la Durance où, avec d'autres soldats, il essaie d'empêcher les royalistes, en marche sur Avignon, de franchir un pont... Dans tous les rangs des armées, des adolescents pour s'engager mentent sur leur âge et, courant à l'ennemi, se battent en lions, arrachent des drapeaux, sauvent des blessés et meurent sans un soupir, la face extasiée..."

Il y va un peu fort, Octave Aubry, dans le genre Hollywood. Mais pas plus que la plupart des grossistes comme Hugo, Michelet, Jaurès, pour ne parler que des fabricants défunts. Ils peuvent tendre la main aux pontifes du réalisme stalinien. Curieusement, les confectionneurs de ce genre de tirades ne nous parlent jamais, à propos d’Avignon par exemple, des massacrées de la Glacière, ni des enfants vendéens que les glorieux sans-culottes, potes desdits Bara et Viala, jetaient vivants dans des fours de boulangerie après les avoir enlevés à la pointe de leurs sabres. C’est que l’idéologie républicaine pue autant qu’elle autre : elle ment tant qu’elle peut.

Le malheur pour la France est que sa Révolution n’a inspiré que des faussaires aux gages du parti en place, et pas un seul Soljenitsyne. Ce n’est pas qu’ils manquent : les mémoires du chanoine de Reignefort sur les pontons de Rochefort et celles de l’abbé Salamon sur les massacres de Septembre sont aussi atrocement accusateurs que l’Archipel du Goulag. Mais voilà : en France, on n’aime que les chansons, et nos chansonniers du XIXe siècle ont su avec la Révolution créer un incroyable impact publicitaire. Ce serait trop bête, maintenant, de décrocher le calicot qui décore la vitrine. Ce n’est pas avec la victoire de 1940 qu’on va le remplacer, si vous voyez ce que je veux dire...

 

Notes :

(1) ! G. Lenotre : Hanriot. Vieilles maisons, vieux papiers, 3e série.

 

Aussi les pontes de l’histoire officielle, le cul bien enfoncé dans leurs chaires d’universitaires grassement payés, distillent-ils depuis cent ans le mythe de la révolution glorieuse, inéluctable et progressiste. Malheur à qui ose approcher la pogne de leur fromage ! Il se fait violemment taper sur les doigts. Dans une récente émission d’Apostrophes un jeune historien osa parler de Génocide Vendéen. C’est lui, qui se fit vivement, encore que dédaigneusement apostropher. Les vieillards de l’idéologie en place l’y remirent très élégamment, à sa place, en hommes de gauche qui ne souffrent pas de partager ne fut-ce qu’une idée. L’un d’eux, qui en profita pour faire avec attendrissement l’éloge de De Gaulle qui avait, ma foi, le bon goût de lui demander conseil, à lui, Jean Daniel, repoussa comme un vilain caca du nez sur sa manchette ce terme de génocide. On alla  chercher un dictionnaire. Je vous en prie : ces gens n’étant ni russes ni sionistes, mais juste des paysans français, des ploucs, n’ont pas droit au génocide.

Et pourtant, on éprouve une sorte d’attendrissement, envers cette paroisse de l'ancienne France qui essaie, tout comme une commune populaire chinoise et avec d'ailleurs aussi peu de résultats, de se sortir elle-même de l'ornière où l'ont jetée ses gouvernants de hasard, les girondins, puis les jacobins. Le phénomène révolutionnaire et son mécanisme sont aujourd’hui bien connus. La Révolution est notre Grand Bond en Avant, nos Cent Fleurs. Avec le cortège que comporte le genre : prisons, massacres, guillotinades, fusillades, noyades. Nous avons plus de chance que les gens du XIXe siècle : nous voyons se répéter sous nos yeux - mais chez les autres, ce qui nous semblait si beau, si agréable, si souhaitable : une révolution de fond en comble. Aux yeux des Français de 1889, arrières-petits-fils des contemporains de ce bel événement, endoctrinés, mis au pas et gorgés de propagande républicaine, la Révolution pouvait, en passant vite sur ses fonds nauséeux, apparaitre comme "globalement positive". Les chantres scolaires et officiels de M. Sadi-Carnot lui-même descendant d'un révolutionnaire "prestigieux", ne manquèrent pas de s’égosiller à nous vanter les mérites de Marianne Première. Je possède l'ouvrage d'un de ces officiels, M. Dayot, Inspecteur de l'Education Primaire. Admirablement illustré, relié en rouge comme il se doit, il témoigne d'un sectarisme affligeant. Tout ce qui est pour la Révolution est bon, vertueux, souhaitable, etc... Tout ce qui est contre est absolument à exécrer.

Le Deuxième Centenaire de la Révolution Française est plus difficile à célébrer que le premier. Tout au long du XXe siècle, nous avons eu sous les yeux différentes révolutions, toutes filles et petites-filles de la nôtre. C'est quasiment comme si on voyait se dérouler celle-ci sur nos écrans de télévision, nos journaux, nos postes de radio. On s'aperçoit qu'il n’y a pas de quoi pavoiser. La Révolution Soviétique, qui se réclame à cors et à cris de la nôtre, la vraie, la bonne, a fait plus de morts dans la population russe que la 2e Guerre Mondiale. La Révolution Chinoise, idem. On ne compte plus les exécutions sommaires des gardes rouges de ces deux révolutions, les purges de Moscou ou de Pékin, les camps concentrationnaires, la ruine de l'économie, la famine, la terreur, le règne des polices d'Etat. Tout cela, bien évidemment était en germe dans notre propre révolution. L'extermination systématique des Vendéens, des Marseillais, des Toulonnais, des lyonnais, les fusillades de gens attachés par des cordes et dont le seul crime était de n'être pas révolutionnaires, la tuerie des pauvres en général et des riches en particulier, tout cela on le retrouve en mieux, en plus grand, en industriel dans la Russie de 1917 à 1953 et après, dans la Chine du Grand Timonier, l'horrible Maozédoung. Lui et Staline n'ont fait qu'agrandir, comme avec un pantographe et à la mesure de leurs propres pays, la décalque de Robespierre. Il faut lire la description des pontons, ces bagnes flottants où l'on entassait des centaines de prêtres jusqu'à ce qu'ils crèvent, de misère et de vermine, au bagne de Rochefort. Il faut lire les massacres de femmes et d'enfants vendéens violés, mutilés et pour finir jetés encore vivants dans des fours à pain chauffés à blanc par les glorieux soldats de la garnison de Mayence. Il faut suivre au hasard des rues parisiennes les charrettes des guillotines, dont les deux tiers des condamnés étaient des gens du peuple pour qui personne n'ouvrit jamais l'aristocratique cimetière de Picpus : là est la véritable Révolution. Pour mieux en faire comprendre l'horreur, voici une lettre des habitants du quartier du Trône Renversé, qui se plaignent des exhalaisons de la guillotine :

 

"Le faubourg Saint-Antoine est en liesse. Une bonne pensée du conseil municipal va transformer l'esplanade de la Place du Trône en une oasis où les marmots viendront, sous l'œil de leurs mères, se livrer à leurs ébats enfantins. Autre était, au temps de la Première République, la destination de ce vaste désert. La Convention en avait fait une succursale de la Place de la Concorde, la guillotine y fonctionnait en permanence, et les torrents de sang qui l'inondaient chaque jour répandaient jusque dans les habitations voisines des miasmes empoisonnés. Le Constitutionnel insère, à propos de ces exécutions, un document très curieux.

 

Cimetière des suppliciés à Picpus.

 

Paris le 21 messidor de l'an II de la

République Une et Indivisible (9 juillet 1794).

 

Je m'empresse de donner au département des travaux publics communication des mesures renfermées dans un rapport de Coffinet, relativement à la sépulture des suppliciés, et qu'il croit indispensable pour prévenir toute espèce d'odeur méphitique.

Cet inspecteur, qui est descendu dans la fosse établie à Picpus, y a éprouvé une odeur qu'il est important d'atténuer par tous les moyens possibles. Celui qu'il propose en ce moment consiste à établir sur cette fosse un plancher en charpente sur lequel on pratiquera des trappes pour la facilité du service. Ce moyen est le seul que l'on puisse employer en ce moment pour concentrer dans cette fosse les émanations dangereuses qui pourraient en sortir sans cette précaution.

Il existe un autre foyer de corruption qui n'a point échappé à la surveillance de cet inspecteur, et que je crois de nature à être pris en très-grande considération par le département des travaux publics. Au lieu même de l'exécution, place de la Barrière-Renversée, il a été pratiqué un trou destiné à recevoir le sang des suppliciés. Quand l’éxécution est terminée, on se borne à couvrir le trou avec des planches, ce qui est insuffisant pour renfermer l'odeur résultant du sang corrompu, et qui s'y trouve en assez grande quantité pour faire naître une odeur méphitique.

Le sieur Coffinet pense que, pour supprimer toute espèce d'exhalaison meurtrière, dans la situation actuelle, il serait convenable d'établir, sur une petite brouette à deux roues, un coffre doublé d'une feuille de plomb, dans lequel tomberait le sang des suppliciés, qui serait ensuite versé dans la fosse de Picpus. Le département des Travaux Publics s'empressera sans doute d'adopter cette dernière mesure, et je l'y exhorte d'autant mieux que le lieu du supplice et celui de la fosse n'étant pas très éloignés l'un de l'autre, il serait possible que ces exhalaisons s'attirassent entre elles et vinssent à produire un foyer de méphitisme d'autant plus dangereux, que, dans cette hypothèse, elles ne laisseraient pas d'embrasser une grande étendue de l'atmosphère.

J'attends sur les dispositions qui font l’objet du présent rapport les ordres du département.

L'architecte de la Commune

Signé : POYER.

 

On doit juger quelle boucherie ont dû produire ces exécutions et quels flots de sang elles ont répandu ! Aujourd'hui, on danse sur ce vaste emplacement ! Les saltimbanques y font florès. C'est une des promenades du peuple de Paris. On y va chevaucher sur des chevaux de bois, tirer des lapins, abattre des poupées de plâtre. Les baraques en planches et en toile y ont beaucoup de succès ; le phoque qui dit papa, les singes savants, les tireurs de bonne aventure, la femme torpille dont il a été question dans le procès d'Abadie et de Gille, tout s'y retrouve, et le royaume des saltimbanques possède là encore un de ses derniers refuges." (Le Voleur, 10 Octobre 1879).

 

Si à Paris le sang des suppliciés empestait littéralement l'atmosphère, il en était de même à Lyon, à Marseille et à Toulon, soumises à la démolition et au massacre systématiques. En janvier 1795, un Toulousain, Jounot, eût la naïveté d'écrire à Fréron ce qui s'était passé dans sa propre ville. Fréron, journaliste, l'Orateur du Peuple, ancien ami de Robespierre puis son dénonciateur à Thermidor, avait la mort de plusieurs milliers de Français sur la conscience : ayant massacré les royalistes ou soi-disant tels en tant que jacobin, il s'essayait, depuis la réaction, à massacrer ses anciens complices. Il publia donc des deux mains, dans son journal, la lettre du naïf Jounot qui allait si bien dans le sens de ses nouvelles convictions.

 

 

A l’Orateur du Peuple.

 

Amiens 21 Nivôse an 5. (10 janvier 1795).

 

Courageux et véridique Orateur du Peuple,

 

Je suis né à Toulouse, où je vais chaque année pour les affaires de mon commerce. J'en arrive ; écoute ce que j'y ai appris.

Cinquante-cinq membres du ci-devant Parlement de cette ville ont été guillotinés en masse, le premier floréal, vingt-six prairial et 18 messidor de l'an 2, comme signataires de protestations liberticides.

Il est bien vrai qu'en septembre 1790, la ci-devant chambre des vacations fit une protestation en forme d'arrêt contre les décrets de l'assemblée constituante, qui porta un décret d'accusation, je crois, contre les membres de cette chambre, qui se sauvèrent en Espagne, au nombre de 10 ou 12, d'où ils rentrèrent en France, par suite de l'amnistie accordée en 1791.

Je n'examinerai pas si le délit contre-révolutionnaire ne fut pas effacé par une amnistie, et s'il n'a pas fallu pour les rechercher après 4 ans, toute l'atrocité de nos exécrables décemvirs.

Je n'examinerai pas non plus si tous les membres de ce ci-devant tribunal, séparés les uns des autres par leurs domiciles, peut être par leurs principes, ont pu adhérer de fait à la protestation de leurs collègues ; mais il est surtout trois de ces infortunés dont le sang crie vengeance.

Guillermain, conseiller, étoit un pauvre imbécile qui n'avoit de magistrat que le titre ; pourvu de la charge de ses pères, mais n'en ayant jamais exercé les fonctions ; habitant la campagne (la commune de Seisses, district de Muret) où il vivoit retiré comme un hibou ; n'étant pas allé une fois à Toulouse depuis 10 ans, a-t-il pu être complice de...... ? Il avoit 100.000 livres de rente.

Mourlains âgé de 70 ans, conseiller honoraire c'est à dire ayant vendu sa charge depuis plusieurs années, ayant eu des grands démêlés avec le parlement, plaidé contre le corps et les membres, a-t-il pu signer les arrêtés d'une compagnie dont il n'étoit plus membre, et qu'il haïssoit mortellement ? ..... Il étoit très riche.

Perez, membre de la chambre des vacations, patriote estimable, qui s'opposa seul, avec le président de la chambre Campistron-Maniban, aux arrêts des 25 et 27 septembre 1790 (pourquoi ils furent l'un et l'autre à l'abri du décret d'accusation) eh bien ! Perez a été guillotiné... Avait-il signé ?

Toulouse et toutes les contrées voisines attesteront ces horreurs; mais tu pourrois, citoyen, avoir des éclaircissemens plus précis du citoyen Vadier, ton collègue ; il étoit conseiller du roi au bailliage de Pamieres, très connu au ci-devant parlement de Toulouse, qui n'avoit pas toujours témoigné un respect profond pour ses soixante ans de vertu. Son ami Fouquier-Tainville doit avoir eu des rapports avec lui sur les affaires, comme sur celle des prétendus conspirateurs de Pamieres, assassinés à la recommandation dudit Vadier le 23 prairial, d'après la loi bienfaisante de la veille.

Je te prie en grâce, citoyen, de faire insérer ma lettre dans ton prochain numéro : si mon style n'est pas digne d'être à côté de tes pages brûlantes, la vérité et la justice m'en donnent le droit, et si ton journal parvient dans ma malheureuse patrie, où les survivanciers du décemvirat compriment la liberté de la presse ; tous les bons républicains de Toulouse nous remercieront, moi d'avoir écrit, toi d'avoir imprimé ce qu'on n'oseroit t'écrire de ce pays-là, tant la révolution du 9 thermidor y est peu connue.

Salut, estime et fraternité,

J. JOUNOT, rue de Beauvais.

 

Mais à La Française, en l'An II, on ignore tout cela. C'est une minuscule commune de la France Populaire qui essaie, tant bien que mal, de survivre en obéissant sans murmurer aux réquisitions, c'est à dire aux exactions de l'Agent National à Montauban, Fonctionnaire en Chef. On ramasse les sabres des anciens soldats de la Royauté, qui avaient le droit de les rapporter chez eux, pour se faire honneur. On arme de fusils de chasse réquisitionnés des Volontaires malgré eux. On lessive du salpêtre, et on entasse le bois de bourdaine, blanc et rouge, pour fabriquer de la poudre. On réquisitionne les souliers, puis les savetiers pour confectionner des chaussures aux troupes - chaussures qui n'y arriveront jamais, vendues par les Représentants du Peuple. On organise des corvées pour arracher des herbes qui ne servent à rien. Bref, toute la population est requise en permanence selon le bon vouloir de l'Agent National. Cette plèbe taillable et corvéable à merci comme elle l'avait souvent été sous l'Ancien Régime a gagné au change d'aller faire tuer ses fils pour conserver leurs places aux nouveaux patrons : les députés. Elle vit dans la misère et récolte son seigle encore vert pour se nourrir... quand la ville d'affamés la plus proche - Montauban - ne le lui prend pas. La révolution à la française, c'est avec deux cent ans d'avance, la révolution bolchevique, la révolution à la chinoise : même incapacité à résoudre les problèmes, même bain de sang et même concussion, et pour finir, échec et régression dans tous les domaines.

 

La Française 10° pluviôse lan deux de la République française une et indivisible, (29 janvier 1794).

L'agent national de La Française à l'agent national de Montauban.

 

Citoyen

 

pénétré de mon devoir quand la loi m'ordonne et animé du vrai désir de sa promulgation et de son éxécution, jeantre pour la première fois depuis mon épuration ordonnée par la loy en relation avec vous. Songez à mon exactitude et aux soins que je porterai dans la chose publicque puisqu'elle fait le bonheur de tous et qu'elle nous conduit dans ce vaste champ de liberté et d'égalité que nos représentans nous ont ouvert et qu'ils veulent simenter par une constitution si bienfaisante qu'il faut que notre vigilance préserve de toutte atainte d'intrigue qui pouroit la détourner de cette marche fièrre et magesthueusse que le nom de la République lui donne.

Nos officiers municipeaux ont dans cette décade jeté les yeux sur la résistance d'un propriétaire de notre commune nommé Jean Pierre Anglés qui s'obstinoit à se refuser aux réquisitions qui lui étoint faittes pour aprovisioner nos marchés des subsistances quil avoit superflues.

Et après s'être assuré de sa personne par le secours de la garde nationalle il a été livré à la justice de paix qui après avoir fait la procédure à ce nécessaire pour la conviction du préveneu, il a aplicqué l'article 21° de la loy du 11° septembre 1793 vieux stille qui le condamne à la confiscation

Et on se propose de la distribuer aux plus pauvres reconneus dans une assemblée du conseil général de la commune

LE 3° pluviôse courant notre municipalité a pris un arrétté tandant à la levée de la contribution foncière et mobilliaire de lannée 1793 vieux stille et pour parvenir à faire l'adjudication au rubau (l’agent national a bien écrit « au rubau » pour « au bureau ».) des contributions susdittes il a été arrétté qu'il sera fait des affiches pour laditte adjudication et que la première aura lieu le pluviôse courant

Et quant à la surveillance exacte et rigoureuse inséparable de mes fonctions je vous déclare en faire ma plus grande occupation et que toujours loeil atantif à poursuivre l'exécution des lois et à dénoncer ceux qui les enfreindront ou qui voudroint par des complots liberticides metre dantraves à la marche naturelle du bien public

Salut et fraternité

 

*

 

La Française ce 20 pluviôse lan 2 de la République française une et indivisible. (8 février 1794).

L’agent national à la française à l'agent national près le district à Montauban.

 

Citoyen

 

Je ne cesse de poursuivre continuellement l’exacte éxecution des loix, c'est aussi ce qui m'a déterminé à faire dans le cours de cette décade une réquisition à la municipalité pour la rapeller sur divers articles qu'elle avoit négligés

Aussy ay je veu avec satisfaction qu'ils ont de suitte travaillé à se mettre en règle

premièrement ils ont fait les changements au role de contributions mobillaire et lorsqu'il sera mis au net ce que je fairé faire incessament, je vous le fairé parvenir

La loi du 3 Septembre 1793 vieux stile relatif à lemprunt forcé sest mis en éxécution, en concéquance il a été nommé deux commissaires pour recevoir les déclarations et supléer à ceux qui ne le fairont pas conformément à la loy

Je leur avois rapelé dans mon réquisitoire susdit la loy du 26 Novembre 1792 et 4 may 1793 vieus stile relatif aux secourds accordés aux parents des défenceurs de la patrie, aussy ont ils de suitte prié le citoyen Galibert qui avoit comancé l'ouvrage de reprendre les oppérations afin de metre le rolle dans un état fixe et précis conforme à la loy et à l'instruction que nous avons reçu ; et persuadé de l'urgeance de ce travail je me fais un devoir de vous le faire parvenir de suitte qu'il sera prêt

Le tableau demandé par l'arrêté du district du 14° nivôse dernier relatif à l'état des biens meubles et immeubles des prêtres émigrés est prêt, vous le recevrez sans doutte aujourdhuy et le double a été remis au juge de paix afin quil puisse faire l'inventaire et aposer les sélés

Le septidi dernier il a été procédé à la formation du comité de surveillance en assemblée prescritte par la loy du 21° mars et 14 frimeire dernier qui sest installé aujourdhuy

Il a été fait aussi dans cette décade un arrêté du corps municipal qui met en réquisition les charrues en éxécution de votre lettre du 6° courant et qui nomme des commissaires pour en faire le recensement et feront en même temps celuy des animeaux et bestieaux à nourir de fourrage ; et conformément aux tableaux que nous avons reçus le registre à recevoir les dons du vieux linge pour faire de lécharpi [de la charpie] est ouvert et les officiers municipaux ont plusieurs fois fait inviter à son de trompe les habitans à porter du linge et sempresser destre les premiers à ce faire inscrire

Nous avons desuitte défférré à larrêté du district qui accorde dix quinteaux millet à celle de St Maiy malgré les aproches d'une nécessité urgente de recevoir aux mêmes moyens pour nous procurer comme eux de quoy subsister

Et quand aux décrets que nous avons reçus dans le courant de cette décade, dont la promulgation sufit à leur éxécution je n'ay point manqué de les faire puplier et afficher, c'est un de mes plus grands soins et un devoir scrupuleusement observé

Salut et fraternité

 

*

 

La Française ce 30 pluviôse l'an 2 de la Républicque française une et indivisible (18 février 1794).

L'agent national de la française à l'agent national près le district à Montauban

 

Citoyen

 

pour vous rendre compte de mes oppérations pour léxécution des loix , je vais vous faire la nominative des loix que nous avons reçu, de leur promulgation, et des réquisitions que j'ay faites pour leur éxécution

Un extrait des registres du comité de Salut Public de la convention nationalle du 6 pluviôse courant relatif aux bois de construction pour la marine qui a été desuitte puplié et affiché

Votre lettre du 23° courant qui contient invitation de vous faire connoistre les artistes de nostre canton qui voudront se destiner à la fabrication de l'acier

de ce que je m'informeré et vous rendré réponce daprés les découvertes que je pouray faire mais je doute d'en trouver dans cette commune

Les décrets de la convention nationalle des 3°, 4°, 8° et 20° jour nivôse dernier

1/ relatif aux payements des cheveaux saisis et employés aux remontes

2/ qui déclare communs à tous les biens nationaux les termes du payement fixés pour les biens des émigrés

3/ qui attribue aux tribunaux des familles la connessance des contestations relatives aux droits des époux divorcés

4/ contenant des dispositions relatives aux gardiens des salles

Le tout a été promulgué et affiché aux lieux accoutumés

 

 

 

 

Décrets de la convention nationale des 19, 28 et 29 Juillet 1793 deuxième année républicaine

I°/ relatif aux droits de propriété des auteurs d'écrits en tout genre de composition de musique, de peinture et des dessinateurs

2°/ qui déclare plusieurs députés de la convention nationale traitres à la patrie et porte qu'il y a lieu à accusation contre plusieurs autres (1).

3°/ relatif aux créanciers des rantes dues par les corps, communautés et établissements écclésiastiques, corporations et congrégations suprimées

Le tout que j'ay fait afficher et promulguer de suitte aux lieux accoutumés

Le décret de la convention nationale du 26° jour frimaire dernier qui détermine le mode de procéder à l'égard des individus qui ont trahi la patrie dans les parties du territoire de la Républicque envahis par l'ennemi, qui a été affiché

Le mandement de la contribution mobillaire s'élevant pour la cotte part de la commune de la française à la somme de 5745 L. 10 s.

Affiche N° 7 portant adjudication déffinitive de la vante des biens nationaux d'émigrés du département du Lot district de Montauban que j'ay fait de suitte afficher et proclamer aux lieux accoutumés

Instruction pour tous les citoyens qui voudront exploiter eux mêmes du salpêtre, que j'ai fait afficher et sirculer le jour de décadi au puple avec invitation et encouragement à l'entreprise de cet ouvrage si nécessaire à la Républicque

Extrait des registres du conseil d'administration du district de Montauban relatif à la fabrication des souillérs des défanceurs aux frontières et pour la délivrance des cuirs pour faire lesdits souillérs que jay aussi desuitte fait afficher

 

Oppérations faites pour léxécution des Loix.

 

Le 28 réquisition faitte aux officiers municipaux pour lenregistrement de la letre à nous adrêssée par l'agent national du district sur lexploitation du salpêtre ainsi que léxécution des mesures quil contient

Dudit, réquisition fait à la municipalité à l'effet d'éxécuter et faire éxécuter larrêté du représentant du puple sur le maximom (2).

Le 21 courant la municipalité par son arrêté a fait nomination des commissaires à l'effet de faire le resensement des pailles, foins et avennes et le dénombrement des cheveaux et dés que celà sera fait je me fairé faitte de vous le faire passer de suitte

Ledit jour arrêté du conseil général qui nomme des commissaires a l'effet de retirer de chez le receveur les sommes nécessaires à laquit des rolles arrêtés concernant les familles de militaires

Ledit jour arrêté du conseil général qui nomme le percepteur des impositions de l'année 1793

Le 28 la municipalité a fait le tableau des biens des émigrés

 

Envois qui ont été faits dans la décade.

 

1°/ les changements oppérés au rolle de la contribution mobillaire

2°/ le tableau des charges localles

3°/ la liste des prêtres émigrés

4°/ un pacquet de vieux linge pour faire de lécharpi

 

 

Notes :

(1) : Il s'agit des députés girondins arrêtés ou en fuite depuis le 2 Juin 1793. La Française ne reçoit pas de nouvelles bien fraîches : huit mois après l'événement, il y a beau temps que la plupart de ces gens sont morts, sauf Buzot, l'amant de Manon Roland, qui se suicidera en Juin 1794.

(2) : Depuis le 4 Mai 1793 le "maximum décroissant du prix des grains" avait été décrété par la Convention, sous la poussée du peuple parisien (qui ne cultive rien). Il s'agissait d'acheter au plus bas prix pour nourrir le peuple des villes. Le 29 Septembre 1793 la Convention décréta le "maximum général des denrées et salaires", qui ruinait les paysans (90 % de la population) au profit des ouvriers terroristes. Le "foutu maximum" ne survécut pas à Thermidor, Il fut aboli en décembre 1794.


 5°/ envoyé du fer provenant des croix qui étoint exposées en public et qui marquet un culte extérieur (1).

 

Observations et renseignements à vous demander.

 

Je vous ay accusé cy dessus la réception de la mande de la contribution mobillaire sélevant pour la cotte part de la commune de la française à la somme de 5745 L. 10 s. mais comme le rolle est fait et qu'il contient une plus forte somme parce qu'il a été conformément aux années présédantes faut il en faire la lever comme il est porté, ou porter an marge lexedant sur chacque article afin que le percepteur en fasse la déduction sur les contribuables

Salut et fraternité

 

*

 

La Française ce 10° Ventôse lan deux de la Républicque française une et indivisible (28 février 1794).

L'agent national de la Française à l'agent national près le district à Montauban.

 

Citoyen

 

Nous avons reçu le quintidi de cette décade un décret de la convention nationalle des 2 et 3 octobre vieux stile de lan 2° républicain

1°/ qui ordonne que les procès des communes à raison des biens communaux et patrimoniaux seront jugés par la voye de l’arbitrage

2°/  qui traduit plusieurs de ses membres devant le tribunal révolutionnaire et en met d'autres en état darestation (2).

            Je les ai fait afficher et proclamer

Nous avons encore reçu un tableau à remplir contenant un état détaillé des charrues et demi charrues existant dans la commune avec indication de celles affermées et de celles tenues par les cultivateurs et enfin des arpents en petite propriété et du produit de ces arpents et la quantité de tout espèce de grains et de production.

Celà paroit un peu dificille et demanderoit un détail fort long et un travail fort volumineux en ce que la même quantité ni la même calité des fruits, que les propriétés ne sont pas divisées parellement entreelles, et à la quantié du terrin que chaque paire de bétail menant une charrue pouroit parcourir si Ion établisoit une base etc...

Je vous serai obligé de vouloir nous simplifier sil vous est possible la métode que nous devons suivre pour parvenir à faire cette oppération demandé par la loi du 30° pluviose dernier, des administrateurs du district de Montauban.

Et nous ne doutons nullement que l'aide de vos conseils et de notre bonne volonté nous ne venions à bout de remplir mon devoir et de satisfaire aux demandes qui nous sont faittes

Salut et fraternité

 

*

 

District de Montauban          La Française ce 20 Ventôse Lan deux de la Républicque française une et indivisible. (10 mars 1794).

 

Canton de Lafrançaise          Analyse des opérations de Lagent national près de la commune de Lafrançaise pendant la seconde décade du mois de Ventôse

 

Municipalité de Lafrançaise

 

Mois Ventose

Seconde décade

 

Notes :

(1) : La déchristianisation bat son plain

(2) : Il s'agit toujours des girondins.

 

EXECUTION DES LOIS

 

Citoyen

 

La loy du maximom s'éxécute daprés mon Réquisoiture (sic). La municipalité a poursuivi un jeugement contre Janne Poumarède de notre commune convinque de lavoir enfrainte en achetant des voillale et œufs hors le marché dans la campagne et audessus du prix fixé, ce qui a été confisquée, vendue au maximom et le produit déposé au secrétariat. La somme est de 20 L. 10. Veuilles bien nous en déterminer lemploy. (1).

La loi du 26 et 27 pluviôse relatif à la convocation de toutes les familles des défanceurs de la patrie qui ont droit au secours se met à éxécution. La convocation est ajournée. Je doute de trouver dans le nombre des individus qui puissent etre propres à lexamen de leurs titres et moins encore à tenir des comptes qui puisse prouver la juste répartition des fonds qui leur sont destinés ains quil est porté par la loy. Je vous en fairé passer le résultat la décade prochenne.

 

Le decret de la convention nationalle du 17 nivôse an second républicain relatif aux donations et sucssesion a été publié et afiché de suitte aux lieux acoutumés.

Larrêté du 14 pluviôse dernier du représentant du puple Chatauneuf Rendon relatif à la libre circulation des danrées a été ausy affiché et publié.

Larrêté du district du 6° Ventôse qui met en réquisition toutes les marchandises propres à lhabillement et canpement des troupes a été mis à éxécution et le tableau vous sera sendoutte envoyé par la municipalité.

 

Larrêté de ladministration du district qui rapelle léxécution de la loy du 14 septambre qui met en réquisition tous les mulets existans dans le département n'a pas été mis en éxécution dans notre commune parce que je ne croit pas quil y en ait.

Les affiches pour la vente des biens nationaux provenant d'émigrés N° 8 première publication a été affiché desuitte aux lieux acoutumés.

 

SUBSISTANCES ET APPROVISIONNEMENT.

 

Pour parvenir à laprovisionnement des citoyens dépourveus, la municipalité a fait faire plusieurs resensements des subsistances et daprés le calcul fait il a été reconnu ceux qui en avoit dexedent qu'on fait verser à ceux qui en ont besoin à raison dun quarton par mois par chacque individu moyenant des réquisitions que les officiers municipeaux délivrent à proportion quils en ont besoin, et de ce ils (prennent) entièrement note.

Le quarton blé pèse vingt sept livres marq, ce qui revient à peu près à une livre de pain par jour.

Nous navons aucune ressource, nos provisions cépuissent (s'épuisent) et nous serons bientôt obligés de vous demander des moyens pour nous procurer des subsistances.

 

CULTURE ET ENSEMENCEMENT DES TERRES.

 

Nos campagnes nous présagent une belle récolte, les terres ensemancés prometent baucoup.

Nous voicy à la veille des semances du millet, des pomes de terre, des haricots et nous en somes totalement dépourveus.

Le proget damélioration seroit la suprétion des moulins sur la rivière de lemboulas qui retienent les eaux et le plusouvent causent la perte des préries et des foins par les innondations frécantes quils ocationent et nous privent de la seulle resource que nous avons pour nourir les bestieaux par la suprétion des pacages que celà occatione.

 

 

Notes :

(1) : 20 livres est une grosse somme : plus de quinze jours de salaire d’un ouvrier agricole. En temps de trouble, il est toujours préférable d’arrêter ou de tondre les femmes : c’est moins dangereux.

 

 

ESPRIT PUBLIC.

 

Forts pour la Révolution quoique un peu guidés par linteret personel et peu fanatisés surtout pour suivre la nouvelle aire républicaine.

Mais je pense que lexplication des loix que je provocquairé au temple de la Raison le jour décadaire, joint à lexortation et la douceur que jenployeré les rapeleront dans le devoir et les retireront de lerreur où nos prêtres les avoit plongés

 

SALPETRE.

 

Je nay point manqué de faire publier, aficher, lire et encourager atant quil a été a mon pouvoir tous les individus de la commune à la fabrication du salpêtre. Personne ne scait présenté pour en faire lentreprise malgré que la municipalité ait offert toutes les ustentilles propres à cet usage, je pence que le peu de terre qui peut y avoir dans ce pays n'ayent pas de caves fréches et umides et enfin de terre propre ou ne la connessant pas. Cela affet que personne ne cet présanté voyant linpossibilité de ce procurer de matière.

 

CONTRIBUTIONS DIRECTES.

 

Le percepteur nommé on set empressé de lui remetre le rolle des contributions fonctières et le recouvrement ce fait chacque jour en employant premièrement la doceur (douceur) par des invitations et letres honnettes et ne ce servant du ministère des emploies quaprés avoir reconneu que les circonstances lexigent pour parvenir avec célérité au recouvrement.

La contribution mobillaire nest pas encore a son pouvoir ni létat des charges localles de la commune, il seroit urgent de nous le faire parvenir.

 

TRANQUILITE PUBLICQUE.

 

Les mesures que nous avons prisses pour déjouer les maneuvres des malveillans sil en existoit dans cette commune sont six commissaires pris dans la société poppulaire de ces bons sans culottes qui sont continuellement occupés à veiller les malfaiteurs et prandre des renseignemens, des informations et desuitte quils peuvent découvrir ou supsoner quelque proget ou malversation ils doivent en faire le raport à la municipalité qui avise desuitte aux moyens dentraver leurs marches, mettre fin à leurs complots et tacherat de remetre le calme, la tranquilité et ramener à lordre ceux qui sen écarteroit.

Jusques à ce jour il ne mest pas venu à ma connessance quil y ait dans notre commune de complots ni de menées qui puissent entraver la marche revolutionaire, et songes que si je pouvois en découvrir ; sen ménagement jen feray la dénonce et je deployeré toutte ma vigilance et mon activité pour la poursuitte de ceux qui ozeroit se porter au crime de rien entreprandre contre révolutionaire.

Salut et fraternité.

 

*

 

Une lettre du 27 Ventôse an 2 (17 Mars 1794) des administrateurs du District de Montauban, Delpon, Vaisse et Satur, demande à l'agent national à La Française "de presser la remise des sabres qui se trouvent non seulement dans sa commune, mais encore dans celles de l'arrondissement du canton, et de les faire parvenir sans retard au district."

"Vu le décret de la Convention Nationale du 17 Ventôse relatif aux sabres de cavalerie et au moyen de procurer ceux qu'il faut pour les troupes à cheval...

Le directoire du District, considérant que c'est pour tout français républicain un devoir de remettre aux mains des déffenseurs de la patrie l'arme propre à leur service, lors surtout qu'elle est déclarée étrangère à tout autre genre de service,

Arrête : 1°/ tous marchands fourbisseurs et autres citoyens du district feront remetre au secrétariat les sabres de trente pouces de lame et au dessus, à peine de confiscation des sabres et de 300 livres d'amande pour chaque sabre contre les contrevenants.

2°/ que l'estimation en sera faitte par des experts à ce députés et le montant en sera payé par le receveur du district sur le récépissé qui en constatera la remise et l'estimation.

3°/ que les agents nationaux prés les communes chefs lieu de canton sont nommés commissaires pour demander et presser la remise des sabres qui se trouveront non seulement dans leurs communes, mais dans celles de leur arrondissement du canton, et de les faire parvenir sans retard au district, avec un bordereau contenant les noms du propriétaire et le numéro de chacun, qui sera répété sur le sabre par ceux remis.

Signé : Marty, Satur, Delpon, Latuilhe.

 

On ne sait s'il y eût beaucoup de sabres remis, car dans son double de correspondance l'agent de La Française ne donne pas suite à cette demande.

 

La française ce 30 Ventôse Lan deux (20 mars 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Larrêté du représentant du puple Soubrany prés Larmée orientalle portant que tous les souillés à double semelle et pasablement bons de tout le département de la division sont en réquisition pour le service de larmée a été mis à exécution. Les officiers minicipaux l'on fait publier à son de trompe et ont pris un arrêté pour inviter les citoyens de sempresser à les remetre. J'ean poursuivrai léxécution et je pourais ten dire le résultat la décade prochainne.

Larrété du 23° pluviôse relatif aux muniers, boulangers, pâtissiers ou autres citoyens qui leur défend de conserver chez eux des bluteaux qui réduissent le quintal de farine au dessus de 85 le % et qui nous invite à faire que d'un pain est il y a longtems mis en praticque. Lurgente nécesité nous a prescrit ce devoir et nous nous santirions fort heureux de pouvoir continuer. Faudrait il metre toute la matière.

La municipalité a pris ausi un arrêté du 22 Ventôse courant qui fixe le prix de la viande cuitte ches le charcutier et les repas des auberges.

Lavis du Directoire du district aux créanciers des émigrés que nous avons reçu a été affiché et publié.

Le rolle contenant la déclaration des citoyens habitans dans notre commune compris par la loi à lamprunt forcé, du quel tu réclames par la lettre du 13° ventôse dernier den accélérer le travail est fait, et la remise doit ten estre faitte insesament.

Larrêté du 20 et 22 Ventôse relatif aux certificats de civisme dont tous les officiers de la garde nationale doivent être nantis et exibés dans les quarante huit heures a été affiché et publié. Ausitot les dits officiers qui jusque alors avoit négligé den demander se sont présantés à la municipalité pour en réclamé un, mais comme cette opération demande reflection, le conseil général socupra dexaminer ceux qui le mériteront et ceux qui seront reconnus indignes sil y a na je ten rendrai compte la décade prochénne.

Larrêté de la commission des subsistances qui met en réquisition les toilles à sacs, trilles et fils servant à la confection de ces toilles, suivi de la letre qui indique le mode dexécution a comancé destre publié pour en instruire le peuple et les inviter à les porter, je ne fairé fautte den poursuivre son entière éxécution voyant lhutilité et lurgente nécéssité de la République, mais la sécheresse que nous avons éprouvé fit qui a bien endomagé cette danrée ne donne pas à espérer de nous en procurer baucoup dans notre commune. Je fairé tout mon posible et je ten fairé passer le résultat à la décade prochainne.

Nous avons receu ta letre qui nous rapelle à léxécution de la loy qui suprime et prohibe les traces de la Royauté, féodalité et supertition. Nous avons fait disparaitre par un iconoclaste subit tout ce qui frapait nostre sens et qui nous entraitenoit dans lerreur en nous cachant la vérité de la Raison que les bienfaits de la Républicque nous découvre. Cet dans ces veues et à lexemple de Tacite que nous alons metre en unissont Républicain cet édifice qui servoit jadis à nous le propager et je ne négligerai rien pour extirper le germe supertissieux qui pouroit estre encore endividuellement conservé, en leur faisant observer le bonheur que la constitution et ses lois nous préparent. (1).

Salut et fraternité.

 

Notes :

(1) : Il s’agit de la mutilation de l’Eglise. Sous nos yeux, et toujours au nom de la Raison, la Révolution Culturelle a détruit, sans profit pour personne, les trésors accumulés par la civilisation chinoise.

 

SUBSISTANCE ET APROVUSIONEMENTS.

 

Citoyen

 

Larrêté du conseil dadministration du district du 16 ventôse relatif au nouveau resensement des grains a été commencé de metre a exécution. Les officiers municipeaux et le comité de surveillance ont nommé des commissaires qui doivent se réunir samedy pour aler opérer chaqun dans la section qui lui est asignée, mais cette opération sera retardée parce que on nous a dit que nous devions recevoir des comissaires délégués par le district pour venir ce joindre à nous pour le faire et nous les atandrons.

Cet dautant plus nécessaire que la municipalité est en paine sur quel individu deserner ses réquisitions pour en ceux qui en manquent. Le dernier resensement étant presque absorbé et chacque jour nos besoins augmentent.

Nous ne voyons dautre ressource que sur la bienveillance de nos administrateurs sur qui nous metons toutte notre confience.

Salut et fraternité.

 

CULTURE ET ENSEMENCEMENT DES TERRES.

 

Citoyen

 

Les récoltes dans ce païs sont encore assez belles et nous promettent baucoup. Nous voicy au tems de semer les avoinnes, millets, haricots et pommes de terre et nous en sommes totalement dépourveus. Daprés les invitations qui nous ont été adréssés sur la culture des pommes de terre, certains citoyens de notre commune ont fait préparer leurs terres pour recevoir cette semence si hutille à la Républicque. Ils sont veneus à la municipalité réclamé des semences. La municipalité en apris note et cette liste te sera sans doutte remise cette décade pour que tu fasses tes diligences pour pouvoir nous en prévenir afin que nos espérances ne soit pas vaines et que nous puissions jouir de ce bienfait de la nature, si hutille et si nécessaire à notre nouriture et a laprovisionement de la Républicque.

Le projet damélioration dans cette saison seroit le recurement des ruisseaux, béaux et foces qui retienent les eaux dans les terres et préries et empêchent leur production, et comme certins négligent ce travail si nécessaire et que les uns sont la dupe des autres et que la voye publicque y est interréssés il seroit urgent d’un ordre général pour les y contraindre tous.

Salut et fraternité.

 

ESPRIT PUBLIC.

 

Citoyen

 

Nous commansons a voir dans nos habitans des progrès de lumière, le jour décadaires comencent a ce solemniser avec la pompe auguste que demande une si grande faitte qui est bien propre à nous instruire.

Les officiers municipeaux, le comité de surveillance nous sommes rendus au Temple de la Raison décorés de nostre écharpe et là on a fait la lecture des loix en leur observent salutaires au mentient de la Républicque et au bonheur quelle nous présante. Le concours du peuple que nous avons atiré a été assez grand. Des citoyens de la campagne si sont meme rendeus et il faut espérer quil augmentera toujours et que le soin que je porterai à leur instruction les fera renoncer à leurs préjugés et les conduira dans le chemin républicain qui mène au champ de liberté et légalité que la Raison nous dicte.

Salut et fraternité.

 

 

* 

 

 

La française ce 10° Germinal lan deux (30 mars 1794).

 

Exécution des Lois.

 

Citoyen

 

Le décret de la convention nationale du 21° jour de pluviôse, deuxième année républicaine, qui régie le mode de payement des pensions, indemnités et secours acordés aux défenseurs de la patrie et de leurs familles et tous ceux qui sont relatifs, à ces actes de reconnessence et dhmmanité qu'exerce la Républicque envers ceux qui ont volé à sa défence céxécutent et nous y metons toute lactivité qui dépend de nous. Et dés que nous serons parvenus a remplir tous les points que nous prescrit la loy je ne fairé fautte de ten donner connessance.

 

Le décret de la convention nationale du 1°, 2°, 8° et 11° jours du second mois de l'an 2° de la Républicque française une et indivisible

1° qui défend dexiger des colons ou métayers aucunne prétantion féodale

2° relatifs aux ventes et achats du bétail sur pied

3° qui interdit aux sidevant fermiers et régisseurs la faculté de vendre ou hipothéquer leurs biens immeubles jusqu'au raport de décret de quitté de leur compte

4° portant qu'il sera formé un tarif pour le maximoum des marchandisses dans toutte létandue de la Républicque a été affiché aux lieux accoutumé

 

Larreté du département du lot du 21 Ventôse relatif au nouveau recensement des grains à faire par plusieurs comissaires nommés par les districts cexécutte. Les comissaires sen occupent avec ceux qui ont été nommés pour les aider à faire cette opération si nécessaire.

Je poursuis léxécution de larreté de la commission des subsistances, qui met en réquisition les toilles à sacs, treillis et les fils servent à la confection de ces toilles, et par arrêté du quintidi dernier du corps municipal il a été nommé des comissaires pour faire des visites chez les personnes qui ont de ces toilles à sacs et fils propres à cet husage.

Le tableau des indigents de la commune est fait et tu doits lavoir reçu.

Salut et fraternité.

 

SUBSISTANCES ET APPROVISIONNEMENTS.

 

Citoyen

 

Point des moyens de ressource localles pour laprovisionemen des subsistance qui nous manquera bientôt puisque chacque jour nos bessoins agmantent. Elles donc ne résident que dans la bienveillance de nos administrateurs et à ton activité à nous procurer de lexédant des autres communes mieux aprovisionées que celle cy. Tu en conetra bientôt le deficit et cet sur vous tous que repose notre confiance

Salut et fraternité

 

CULTURE ET ENSEMENCEMENTS DES TERRES

 

Citoyen

 

Je ne cessairai de te repéter que les semences de millet des haricots et des pomes de terre sont proche, que nos terres sont prettes à les recevoir et que nous en somes depourveus. Cet donc à toy agent de nos besoins à faire tes efforts pour nous en procurer, afin que nous puissons hutiliser nos terres à la production dune récolte si nécessaire à la Républicque.

Salut et fraternité.

 

EXPRIT PEUBLIC.

 

Citoyen

 

Quand aux progrets de lumières le peuple en aquiert tous les jours et tournent leur opinion en faveur de la constitution à laquelle les coeurs satachent par de liens invincibles. Ausy aton veu des traits de colère et dindignation paints sur tous les visages contre ces vils insectes de la nature et ces exécrables monstres qui ont ozé ce permetre dourdir de trames perfides tandant à la disolution. A quoi succedet un plaisir et la satisfaction de voir ses horibles complots heureusement déjoués par lactivité de nos représentans qui dans leurs pénibles traveaux nous trassent une vie heureuze et une prospérité asurée (1).

Salut et fraternité

 

CONTRIBUTIONS DIRECTES

 

Citoyen

 

Le recouvrement ce fait avec toute lactivité qui nous est possible et quoique les cottes ayent augmanté on nentend point de murmure, mais le percepteur na pas encore reçu létat des charges localles pour etre réparties en marge de chaque article, ce qui cauzera du retard dans la perception à cosse que certins de ceux qui vennet payer leurs cottes et acquiteront le tout en meme tems. Sils savoit a quoy cela pouroit monter, tu vois donc la necesité quil y a de le lui faire parvenir

Salut et fraternité

 

TRANQUILITE PEUBLICQUE

 

Citoyen

 

Nous jouisons d'unne assés heureuse paix dans nostre commune. Les habitans si conduissent en bons républicains bien persuadés que les mesures que je prandret pour les réprimer seroit fortes et vigoureuse car je donneray tous mes soins à la poursuitte de la conviction de leurs forfetures pour les faire punir du glaive de la loy sil s'entrouvet quelqun quil feut assés malheureux de sen rendre coupable.

Salut et fraternité

 

*

 

Montauban le 19 Germinal 2e année républicaine (8 Avril 1794).

 

L'agent national près le district aux agents nationaux près les chefs lieu de canton.

 

Je vous préviens citoyens, que le 28 de ce mois à 10 heures du matin, il sera procédé devant moy et dans mon bureau à une adjudication considérable de bayonnetes, en conséquence je vous prie citoyens, d'inviter et en tant que de besoin de requérir tous les ouvriers en fer de votre canton qui sont en état d'en faire, ou dy travailler sous les yeux d'un chef, d'avoir à si rendre le jour et au lieu indiqué. Salut et fraternité

L'agent national

Satur, suppléant.

 

La française ce 20° Germinal lan deux (9 avril 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Le decret de la convention nationalle des 16, 18 et 19 jours du premier mois de lan second de la Républicque française une et indivisible

 

 

Notes :

(1) : L'agent national serait bien en peine de nommer ces vils insectes qui tramaient ces horribles complots. Sans doute ne l'a-t-il jamais su. Qu'importe. Il s'agissait du provocateur Hébert (le Père Duchesne) et de ses 18 complices, décervelés et jetés à la trappe le 24 Mars par l'Ubu en chef, Robespierre, qu'ils avaient osé narguer.


 

1° relatif aux dattes des actes publics, aux vacances des administrations et des tribunaux et aux milésimes des monois

2° qui proscrit du sol de la Repeublicque toute marchandises, fabricques ou manufactures dans les pais soumis au gouvernement britanique

3° relatif aux personnes arretées en éxecution du decret du 17 septembre dernier vieux style, ont été affichées et proclamées et soits persuadé de mon activité pour leur exécution.

Larrêté du représentant Bo du 24 Ventôse relatif à la démolition des clochers nest pas encore exécuté. Lingénieur du département en a pas sans doutte fait son raport au district pour pouvoir procéder aladjudication, ainsy quil est porté par ledit arrêt. On ne devroit pas négliger léxécution des arrêtés qui enfin fairoit disparaitre de sur le sol républicain les emblèmes révoltans dunne superstition qui captive sertins esprits foibles habitans dans nos contrées. (1)

Ladresse de la comission des armes et poudres de la Républicque aux agents nationaux et administrateurs des districts, relative à la réquisition des cendres et pour les eaux des lecives est mis en exécution, et le corps municipal a teneu un arrêté conforme qui met en réquisition chez les boulangers toutes celles quils auroit à leur pouvoir.

Larrêté du représentant Bo du 23 ventôse qui requiert tous les pharmasiens non mariés au dessous de quarante ans de ce rendre à Toulouze a été affiché mais nous nen connessons aucun quil soit dans le cas.

Arrêté du département du Lot du 21 Ventôse relatif au recouvrement des contributions foncières et mobiliaires de 1791 et 1792 se met à éxécution.

Larrêté de ladministration du district de Montauban du 27 ventôse qui met en réquisition tout le cuivre non ouvré soit rouge soit gris ou jeaunne, en pain ou placques ou feuilles et sous quelles formes quil puisse estre se trouvant chez les marchands sest mis en éxécution et un registre a été desuitte ouvert par la municipalité a leffet de recevoir la déclaration des marchands ou autres dépositaires desdits cuivres.

Larrêté du conseil dadministration du district de Montauban relatif aux dons affaire (à faire) à la patrie de trois paires de draps de bonne qualité set mis en éxecution et larrêté conforme qu'ana pris le corps municipal a produit déjà plusieurs draps que la pitié filiale et lamour de la patrie des bons patriotes leur a dicté de donner.

Les affiches N° 10, 11 et 12 des biens provenant des émigrés ont été affichées.

Larrêté de ladministration du district relatifs à la remisse des chanvres propres à lusage de la marine et qui ordonne un nouveau recencement sexécutte et larrêté conforme des officiers municipeaux a déjà produit plusieurs petis pacquets de chanvre. Le recencement ce fait par les comissaires qui ont été nommé par ledit arêté. Le résultat à la première décade daprés la réquisition consernant les cendres des fours communaux je ne manquerai pas de tenfaire passer un état de celles qui nous seroit déposées chaque décade, je connoi trop leur hutilité pour ne pas metre toutte mon atantion et mon activité.

Nous avons reçu et fait afficher la proclamation des Représentans du Peuple Pinet et Cavaignac prés les armées des Pyrénées Occidantalles aux soldats et soit persuadé que je ne manqueré pas de faire arrêter tous ceux qui pourront avoir déserté et abandonné leur corps et quil seroit infidelles à la patrie.

Les affiches pour les adjudications des travaux publics et celles pour les adjudications des ventes des biens nationaux provenant des émigrés ont été exactement affichées et proclamées aux lieux accoutumés.

Létat des toilles, sacs et fils propres à faire cette toille ou trilis ce fait et te sera envoyé incessament et tu peus compter sur toutte mon atantion pour léxécution des lois et le bien de la chosse commune.

Salut et fraternité.

 

 

 

Notes :

(1) : La déchristianisation continue. L’agent national de La Française en est un chaud partisan.

 

 

SUBSISTANCES ET APPROVISIONEMENTS

 

Citoyen

 

Je ne césseré de te témoigner ma crainte a laproche de la fin de nos subsistances et laperçeu des meaux que celà peut occasioner dans la culture de nos terres pour la récolte prochainne et pour pouvoir faire les traveaux nécessaires avent la moisson pour ramasser les fourage quil faut pour les bestiaux. Certes il ne faut pas etre répeublicain pour ne pas en aprendre les malheureusses suittes qui seroit sans doutte terible si nos cultivateurs étoit forcés fautte de subsistances dabandonner leurs pénibles traveaux. Nous voilà sependent presque sans resources et réduits à peu prés à trois quarts de livre de pain (1), et ce nest pas assés pour un homme qui travaille la terre. Je ne balancerai pas de prandre mes raisons en considération en te conjurant au nom de la Répeublicque de prandre des mesures pour nous en procurer de lexedant des autres qui vous entourent un peu de secours pour pouvoir alimanter nos cultivateurs. Cest sur toy et sur la vigilance de nos administrateurs que nous metons toutte notre confience.

Salut et fraternité

 

CULTURE ET ENCEMENCEMENTS DES TERRES.

 

Citoyen

 

Toujours les aparances dunne bonne récolte mais je reviendrai toujours a la demande de quelque sac de millet pour effectuer nos semences. Nous voilà arivés enfin à la saison de le semer et nous en sommes dépourveus et nos terres sont prêtes à le recevoir.

Tu nous as fait passer dans le tems des instructions pour la culture des pomes de terre, nous les avons leus et portés les habitans de préparer les terres. Baucoup ont les terres prettes pour le semer sur lespérance que tu nous procureras des semances et sependent nous en avons pas et nos terres sont prettes. Jespére que tu voudras bien nous en procurer quelque sac afin que nous hutilisions nos terres, et cest par là en faisant fructifier nos terres que nous soutiendrons la Répeublicque contre les plus cruelles atacques de nos enemis.

Salut et fraternité.

 

SALPETRE.

 

Citoyen

 

Deux comissaires, les citoyens Brun père et fils sont arivés icy le 17° du courant a leffet de metre en activité un atellier pour lextration de le salpêtre. Nous navions pas creu jusques icy quil y eut dans le pais des terres propres à cet usage.

La municipalité le même jour nomma deux comissaires pour ( ?) et conduire les susdits comissaires Brun pere et fils dans toutes les caves et lieux qui leur aparut propres à cette recherche et il nous feut raporté quon en avoit trouvé quelque peu. La municipalité va socuper de ce travail desuitte quelle aura peu se procurer les ustancilles à ce nécessaires, et sois persuadé que jen présséeré son exécution

Salut et fraternité.

 

 

 

Notes :

(1) : Vu la livre d’ancien régime (480 grammes) à peu près 360 grammes par jour. Un vrai casse-croûte.

 

 

 

CONTRIBUTIONS DIRECTES

 

Citoyen

 

D’aprés une réquisition que jay faitte a la municipalité il a été pris un arrêté par laquelle tous les certificats de civisme si devant délivrés et qui ne portoit pas le signalement étoit annullés, et il feut pris desuitte un arrêté par la municipalité, un autre par la Société Répeublicaine et un autre par le Comité de Surveillance par lequel il enjoint a tous ceux quils veulent obtenir un diplôme de la Société et un certificat de civisme du conseil général de la commune de raporter du percepteur des impositions la quitance des contributions pour les années 1790, 1791, 1792 et grande partie de 1793. Par là nous avons procuré le payement des impositions et nous osons espérer que les mesures que nous prandrons dore an avant en effectueront le payement le plutost quil sera possible.

Je te repette lenvoy des charges localles. Si nous devons te joindre an marge du rolle les retards. Le recouvrement embarasse le percepteur et donne des entraves pour faire liquidation des articles dess mutations qui ce font chacque jour et quil faut diviser.

Salut et fraternité.

 

*

 

Montauban le 25 Germinal an 2° de la république (14 Avril 1794).

 

L'agent national prés le district à l'agent national de La Française.

 

A lettre vue, citoyen, tu fairas porter au domicile du district par des exprès marchant nuit et jour les sabres de 30 pouces de lame et au dessus de ton canton, que tu as du réunir conformément à la commission que tu en as reçu de l’administration du district à la suite de la loy du 16 ventôse.

Ton zèle et ton patriotisme me sont un garand assuré de l’empressement que tu mettras pour l'éxécution de cette mesure qui tient essentielement au salut public. Salut et fraternité.

L'agent national

Lagentie.

 

La Française ce 27 Germinal lan deux de la Républicque française une et indivisible (16 avril 1794).

Lagent national prés la commune de La Française à lagent national prés le district.

 

Citoyen

 

En réponse de la tienne du 23° courant qui me prescrit de faire porter au domicile du district par des exprès marchant nuit et jour, les sabres de 30 pouces de lame et au dessus qui ce trouveroit dans le canton, je désirerés pouvoir te donner satisfaction et je ne doutte pas y ait aucun citoyen de notre canton qui ne se feut empréssé de me les remetre. Daprés les invitations que je leur ay faittes jan ay une preuve sertaine puisque tous ceux qui en étoit nantis, lorsquil falut monter et armer les cavaillers à Bergerac, ils senpresserent de les donner sens même en réclamer le payement et je suis bien persuadé quil nen existe aucun pour le présent de cete longueur.

Salut et fraternité.

 

A la Française ce 30° Germinal lan deux (19 avril 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Le décret de la Convention national du 30° Juillet 1793

vieux stile relatif :

1° a labolition des droits exclusif de pêche et de chasse,

2° qui déclare nuls les jugements rendeux et les poursuittes faittes relativement aux droits féodaux casuels abolis par le décret du 28 aoust 1792 vieux style,

3° relatif aux depences de lenlevement des signes de Royauté dans les eglisses et autres monuments publics,

4° interprétatif de celui dix huitième jour du premier mois qui ordonne lenlevement des signes de Royauté et féodalité,

5° relatif aux signes de Royauté et de féodalité qui se trouvet sur les cartes,

ont été afichés et promulgués en la manière acoutumé et a son de trompe et je ne manqueray de tenir la main à son éxécution.

 

Le décret de la Convention Nationalle du 23 Juillet vieux stile 1° jour de lan 2° de la République française, 11° jour du 2° mois, 28 frimaire et 23 Nivôse an 2 de la République française une et indivisible :

 1° qui oblige les citoyens non domicilliés à Lyon, Bordeaux, Marcelle (sic) et Cam (Caen) den sortir sous paine detre déclaré émigré (1),

2° qui autorise les municipalités a arrêter les marchandisses et aprovisionement expédiés par les villes en états de rebellion,

3° contre les villes qui se seront révoltées,

4° portant que toutes les villes de la République qui resevra dans son sein les brigands ou leur donnera des secours sera peuni comme une ville rebelle,

5° qui annulle les passeports délivrés par les municipalités de lieux où les brigants de la Vendée ont séjourné,

6° relatif à lemploy des fonds de nonvaleurs provenant de lacessoire des contributions fonsiéres et mobilières,

ont été affichés et proclamés aux lieux acoutumé.

 

Larrêté de 5° Germinal lan deux de la République une et indivisible des Representans du peuble prés larmé des Pyrennées Orientalles relatif aux désertions qui se comettent dans cette armée a étté lu, peublié et affiché aux lieux acoutumés.

 

Larretté du Comité de Salut Peublic de la Convention nationale du 20 Ventôse qui fixe larondissement des armées des Alpes, de Litalie, des pyrénées orientales et occidantales avec larrêté des Représentans du peuble pour larmée des Pyrénnées relatif au même objet, et larrêté du directoire du département du lot qui en ordonne limpretion a été aussy affiché aux lieux acoutumés.

 

Ladresse du Représentant du peuble Bo à ses consitoyens a été affiché, leu et peublié aux lieux acoutumés et je ne feré fautte de la faire lire au temple de la Raison quand le peuble sera asemblé ainsi que lextrait des délibérations de la sosiété républicaine de la Comune de Cahors du 6° Germinal que tu nous a fait passé.

Salut et fraternité.

 

EXECUTION DES LOIX.

 

Citoyen

 

jay receu la letre du 19° germinal portant la liste des cantoniés pour les faire jouir des avantages que la loy leur accorde je ne fairé fautte de miconformer.

Je receu aussi la letre du même jour relative à la réquisition à faire à tous les ouvriers en fer de notre canton pour ce trouver à ladjeudication de lantreprisse des bayonnettes. Les réquisitions ont été faittes et les ouvriés en fer doivet setre rendeux à temps.

La proclamation de la Convention Nationale au peuble français sur la conjuration découverte a été lue, peublié et affiché aux lieux acoutumés, et on ne peut que frémir dhorreur du complot heureussement découvert (2).

 


Letre des administrateurs du district qui nous invite a lui faire passer les mercurialles des foires et marchés des bestiaux depuis le premier janvier 1793 jusques à ce moment. Cette demande est si difisille que je ne puis fixer les prix des bestieaux demandés, nayant pas teneu de registre et que chaque bétail fait son prix particulier. Veuillés nous donner de nouveaux eclersisements sur votre demande et je menpressairé de vous donner satisfaction.

Letre du 21 Germinal des administrateurs du district qui nous invitte de leur envoyer le tableau de la nouvelle distribution des foires et marchés de notre commune contenant les jours auxquels ils ont été fixés daprés le calandrié républicain. Je ne fairé fautte den accélérer larrété et la ficxation et je le fere passer dans le plus bref delay.

La letre des administrateurs du district de Montauban du 21 Germinal qui demande compte de lexecution de la loy du 10 et 11 septembre vieux stile portant an 15 section 2 que les muniers dans toute létandue de la République seront payés en monnaie courante et que le maximoum du pris en sera fixé par les administrateurs des départemens.

Larrêté en été pris par le conseil général et sans doutte la municipalité te lefera passer si elle ne la déjà fait.

Salut et fraternité.

 

EXECUTION DES LOIX.

 

Citoyen

 

Sur la réquisition que tu mas faite pour la coupe des bois des biens nationaux, permés moy de tobserver que je nen connais pas dautre dans le canton que ceux de la sidevant de Monvilar que nous appelions ainsi. Foussat diet que tu peus te convincre toimeme puisqu'ils sont tous presque en taillis par lêtat delaitte (?) de laffiche dadjudication pour la vente.

Je tobserveray encore que la saison avancée pouroit être des motifs de retar dans cette opération puisque il pouroit en occasioner la dextruction. Répons moy desuitte sur les dificultés que je te présante et sois persuadé de mon activité pour remplir les devoirs que minpose mon poste.

Salut et fraternité.

 

Nous avons receu létat des dons et remises par différantes communes du district de Montauban.

Nous avons aussi receu larrêté du Représentant du peuple Bo relatif à la réunion des si devant prêtres dans le chef lieu de leurs district respectif.

Les affiches N° 10 pour la vante définitive des biens nationaux a été affiché.

Et daprés ta réquisition conformément a larrêté de la commission des armes et poudre qui met en réquisition les vieux tonneaux, vielles barriques bois de marin, sois persuadé que je ne manqueré pas den presser lexécution afin de procurer a la République ce dont elle a bessoin.

Salut et fraternité.

 

EXECUTION DES LOIX.

 

Citoyen

 

Ayant receu ta letre du 25 courant qui invite la commune et agents nationaux prés les communes, davoir sans delay tadresser un double de létat formé envertu de la loy du 21 pluviôse relative aux secours dus aux parans des defanceurs de la patrie, ainsi que nous le prescrit larticle 11° du titre de laditte loy.

Je suis au désespoir de ne pouvoir te donner satisfaction mes réclamations à cet égar ont étté des plus réitérées, jen sens toute lhutilité mais cet opération qui demande un travail étandeu na peu encore le perfectioné. jeanprésseré lexécution pour te le fere parvenir le plutôt qui me sera posible, à légar des étas des toilles et treillis et fils qui a été demandé par les circuléres du 22 Ventôse dernier.

Le certificat daffiche de larreté du conseil exécutif provisoire en datte du 22 pluviôse dernier

Le tableau des patriotes indigens qui faloit remplir dans le délé de huit jours conformément à la loy du 13 ventoise ausi dernier

Létat des pharmaciens non mariés exigé par larreté du Représentant du peuple Bo en date du 23 ventoise

Létat des cendres déposés dans les lieux que je dessigné en verteu de la réquisition du 5° Germinal courent

De tout jan ay préssé lexécution et la municipalité doit te le fere passer à ce quils mont dit, dans le paquet de leur correspondance

Tu recevras en meme tems létat de la chambre qui a été ramassé dans notre commune et létat des draps offerts à la patrie a suitte de linvitation du district en datte du 29 ventôse dernier.

Tu demanderas compte en meme tems de léxécution des loix et arrêtés cy après.

1° Arrêté du représentent du peuple Bo du ventôse relatif à la démolition des cloches.

A celà je répons que dans le même arrêté je crois avoir aperceu que les ingénieurs étoit chargé de faire lextimation de la dépanse, den instruire le directoire afin de pouvoir en faire lajeudication.

2° sur la loy du 14 frimaire relatif à la fabrication de salpêtre, je tan fairé le raport à son lieu

3° sur la loy du 29 frimaire sur lorganisation de linstruction peublique

Deux instituteurs se sont présentés mais encore aucun deux na comancé de faire son ecolle et nous espérons quil y an aura bientôt un qui viendra commencer et quand cela (1).

 

Requisition du 15 germinal qui met en réquisition pour être converti en charbon destiné à la fabrication de la poudre les bois de bourdonne le sanguin rouge et blanc.

Je ne crois pas quil y an ait dans le pays beaucoup sependent comme il pouroit ce faire que je ne le connoistrés pas et que tu pourrés ma cuser de négligence avec bonne intantion de me rendre hutille je te prie de meclairer la desseus sur ce que je doits faire et tu verras par lactivité que je metray dans mes opérations combien jaime a servir la République.

Salut et fraternité.

 

La Française ce 10° floréal Lan deux (29 avril 1794).

 

Lagent national prés de la commune de La Française au Ministre de la Guerre à Paris.

 

Citoyen

 

Par vostre circulaire du 10° germinal vous me rapellés le décret de la Convention Nationale du 5 octobre dernier (vieux style) qui nous dit que le défaut de payement des amendes prononcées par la police correctionnelle ne pouroit entrener qu'une détantion d'un mois à legard des citoyens insolvables et que les indigents seroit mis en liberté a lexpiration de ce terme.

Soyés persuadé que jaurés été attantif a faire jouir les condamnés insolvables du bienfait de cette loi sil y anavait heu dans cette commune.

La surveillance qui mest confiée pour lexécution des décrets mauroit dicté leur liberté mais puisquil vous faut unne assertion de ma part, je puis vous certifier qu'il n'en existe pas dans cette commune et que la vigilance que je met à poursuivre lexécution des lois me doit estre le garant de son omission, surtout encore dés quelle me met en même dexercer lhumanité naturelle dont mon coeur se caractérise.

Salut et fraternité.

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

jay pris connessance de tous les decrets de la convention nationale inssérés dans ta letre du troisième floréal courant ainsy que de larreté du comité de salut public du 2° germinal dernier et de larrêté du Représentant du peuple Bo énoncé, et du jugement du Tribunal criminel du département du lot en séance momantanée à Figeac, que tu as fait passer en même terns. Jay desuitte tout fait afficher et promulguer en la manière acoutumée et je maucuperay sans relâche a en poursuivre leur exécution.

Salut et fraternité.

 

 

Notes :

(1) : Il n’y a donc pas d’école à La Française ; et jusqu’ici on ne s’en est pas soucié.

 

 

Exécution des lois relative aux cordonniers.

 

Dés la letre des administrateurs du district du 27° germinal dernier reçue le 5° courant, tous les cordonniers de cette commune ont été mis en réquisition pour la confection des deux paires de souillers par décade. On leur a fait connaitre aussy lamende de cent livres quil leur seroit dessernee sils y manquet. Letat en a été desuitte fait et vous le recevrés sans doutte dans le pacquet de la municipalité aujourd’hui.

Salut et fraternité.

 

Exécution des lois relatives aux bessoins de l'armée.

 

Daprés la letre des administrateurs du district reçue relative a lenvoi des cordes servant a la sonerie des cloches suprimées, la municipalité a donné des ordres pour les faire porter remises quelles soit je menpresseray a te les faire parvenir.

Salut et fraternité.

 

Exécution des lois relatif aux armées.

 

Je presse autant que je puis la formation du tableau consernant les secours acordés aux familles des volontaires. On y travaille sans relâche et dés quil sera prêt il vous sera envoyé de suitte.

La municipalité a aussi ouvert un registre pour recevoir la déclaration des cheveaux existant dans la commune ; on ne scait si on doit les envoyé a Bergerac ou à Montauban pour en faire le choi. Nous aurions besoin des eclercissements sur le mode dexécution qui nous parait un peu dificille.

Salut et fraternité

 

SALPETRE

 

La municipalité a déjà fait lesiver des terres pour le salpêtre. Sans doutte on procédera a lévaporation et je menpresseré a vous aprandre le résultat de cette opération.

On a ouvert aussy un registre pour recevoir les déclarations des vieux toneaux, vieilles baricques et bois de marin.

La munisipalité a aussy mis en réquisition les barres de sole nayant pas de bordoine sauzain rouge ni blanc, et dés que le tout sera ramassé je menpresserai a la faire parvenir à sa destination

Salut et fraternité.

 

La Française ce 20° Floréal Lan deux (9 mai 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Tousles décrets portés dans la letre du 6 floréal dernier et ceux aussy portés dans celle du 13 du même mois que nous avons reçu dans cette décade ont été affichés et promulgués en la manière accoutumée et je ne ferai fautte den poursuivre les éxécutions  ne désirant rien tant que la prospérité de la Répeublicque, et soit persuadé de mon activité et de la vigilance que tu me recomande avec tant passion surtout lorsque lamour de la patrie men prescrit le devoir.

Et quand aux états que ladministration nous demande par les deux letres du 3° courant que nous avons reçu cette décade, jen presseray la confection pour le faire dés ossitot les remises completes, quand aux aluniers qui se pouroit trouver dans notre commune cet audessus de notre connessance et je ne puis te dire sil y en existe.

La municipalité a prié le citoyen Neuville pour aler te demander la manière déxécution du décret qui ordonne la levée des cheveaux. Nous ne scavons comment nous dessider sur ceux quils doivent estre amenés à Bergerac, surtout de ce que la loy dit que ceux qui seront de réforme seront ramenés aux dépends de ceux qui les devront fournir, ce qui fait apréander une dépance inutille en les y envoyant tous indistinctement et dautre ( ?) une confiscation dans le cas domission ce qui pouroit bien ariver par mégarde ou fautte den conoistre l'hutilité.

Le resensement des cochons et bétail se fait de suitte et les états te seront envoyés dés aussitôt que les commissaires qui sont chargés de les faire les auront remis.

 

CULTURE DES TERRES.

 

La belle saizon et laspect de nos champs nous présagent une bonne récolte. Les feves seront bientôt au degré de maturité convenable pour estre d'un grand secours au déficit des comestibles que nous éprouvons, et je puis tassurer quelles viendront bien a propos, car nous ne scavons déjà coment faire pour subsister, et daprés la réception de larrêté du directoire du district la municipalité a pris un arrêté conforme pour faire metre la garde nationale en activité pour les garder et metre dordre dans leur distribution.

 

SALPETRE.

 

Nous avons enfin commancé lévaporation des eaux lessivées pour le salpêtre. Je ne puis te dire rien encore sur sa réussite. Lopération nest pas finie. Le résultat à la prochainne décade. Le comissaire préposé à la surveillance de cette exploitation ne ferait pas mal de venir faire un tour car je crains une grande dépance inutille ce qui seroit préjudiciable pour la commune et d'aucun secours a la Répeublicque.

Salut et fraternité.

 

La Française ce 30° Floréan lan deux (19 mai 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Nous avons reçu cette décade tous les décrets portés dans ta letre du 18° floréal courant que nous avons fait peublier et afficher de suitte et que je fairé exécuter en tout leur contenu. Le détail des victoires remportées par les troupes des la Répeublicque (1) énoncé dans larrêté du district du 15 floréal courant nous a donné la plus grande joye. La municipalité ayant préveu linvitation que tu nous fais avoit déjà pris un arrêté qui déterminé la fette civicque, le feu de joye et lilumination qui eut lieu la décade dernière pour en témoigner notre vive allégresse et le concours du monde qui vint en prandre part donne tout sujet de croire les vrais santiments patrioticques de tous les coeurs qui compossent cette commune.

Nous avons reçu par une letre du directoire du district du 18 floréal deux tableaux à remplir du prix du quintal poids marcq de toute espèce de grains et fourrages pendent les 6 premiers mois de 1790. Jean observeré la confection et je les fairé passer de suitte quils seront prêts.

Le Resencement des cochons existants dans la commune est fait sans doutte. Le secrétaire te le fera passer dés aussitost quil l'aura mis au nest.

Nous avons ce jourdhuy procédé à la visite et choix des cheveaux de notre commune propres au service. A cet effet nous avons prié le citoyen Debrieu maréchal expert de ta cité pour nous aider dans cette opération et nous fairons partir sous peu pour Bergerac lieu de leur rasemblement.

La municipalité a aussy pris un arrêté le 27 floréal qui nomme des comissaires pour aller faire la visitte dans toute la commune pour reconnoistre le foin et avoines quil y a afin de les faire partir et transporter dans le magasin militaire à Montauban ainsy quil nous a été demandé par la réquisition du citoyen Duran du 26° floréal courant.

 

SUBSISTANCES ET APROVISIONEMENTS.

 

Ne sachant cornant faire pour fournir aux fournitures des comestibles qui nous manquoit totalement, nous avons été obligés de ramasser le son de la commune, de le faire moudre, d'en retirer toute la matière qui peut estre bonne à faire le pain, et après de distribuer le restant à ceux qui lont fourny pour leurs bestiaux. Juge quel pain et encore a natil que peu. Voilà notre situation.

 

Notes :

(1) : Victoire du Boulou sur les Espagnols (1er mai).

 

SALPETRE.

 

Nous avons donc fait une cuitte, environ trois baricques des eaux salpétrées nous ont produit deux à trois livres de salpêtre. On travaille toujours a lesiver les terres et on espère destre plus heureux à la seconde le résultat après son evaporation.

 

INSTRUCTION PEUBLICQUE.

 

Le citoyen Bonzi instituteur est en activité et la municipalité a desuitte ouvert un registre pour inscrire les enfans qui yront a son écolle conformément a la loi du 22 frimaire dernier.

 

La Française ce 10° Prairial lan deux.

 

EXECUTION DES LOIS (29 mai 1794).

 

Citoyen

 

Travailler sans relâche à la solidité indestructible de la Répeublicque voilà le premier et le plus important de mes devoirs ausy le désir ardent qui manime ne me permet pas de perdre un moment pour lexécution des decrets et arrêtés qui viennent simenter les inébralables fondements. Je peux donc tasurer avec toute sincérité que tous les decrets et arrêtés dont les letres du 26 floréal dernier et 1° prairial courant nous anoncent lenvoye et que leur promulgation sufisent pour leur éxécution ont été desuitte proclamés, leus et affichés aux lieux acoutumés de nostre cité et que jen observeré rigoureusement leur exécution et quand à ceux qui demendent un travail actif et soutenu des corps constitués je prandray tous mes soins à leur confection, ne désirant rien tant que leur observation. Si queque chose échape à mon activité et que la commune soit en retard done nous avis et soits asuré que je rempliray toujours mon devoir avec zèle.

Jay fait ma réquisition sur laposition des scellés sur les meubles des gens suspects et qui sont déteneus dans la maison de réclusion. Le juge de paix de nostre canton sen ocupe journellement.

Nous métrons toute lactivité posible a la confection des tableaux que tu demandes par tes letres. Quand au tableau du rolle des secours accordés au familles de volontaires, il sera bientôt fini. Cet ouvrage a demendé baucoup de recherches pour les pièces indipansablement necessaires pour prouver les droits des parties, ce qui a été cauze du retard, et je crois que le tableau des secourds acordés aux enfens et viellards indigents éprouvera la même dificulté, si tu ne nous éclaire sur une route plus facille et plus courte.

Demain tu recevras sans doutte la huitième partie des cochons gras qui résultent de notre resencement.

Nous avons quelque chifon de ramassé mais nous atandons den avoir une plus grande quantité pour te les faire passer.

 

SUBSISTANCES ET APROVISIONEMENTS.

 

Quel tableau désolant vienje te paindre, mon coeur ne pouroit te le dire si mon poste ne men faisoit un devoir.

Après avoir épuissé toutes nos resources la nécessité nous fit imaginer de ramasser le son qui se trouva dans la commune, de le faire remoudre et par là esseyér de nous soustraire aux horreurs de la famine qui nous menace, mais quan cette resource est épuissée et que la foule de nos frères nous préce a leur urgente necesité, nous primes le party a recourir à nos bienfaiteurs, les administrateurs du district qui nous ont accordé trante cinq quintaux mais pour une commune aussy grande avec tout le ménagement possible la distribution en sera bientost faitte. Les espérances dune récolte prochainne nous donnoit grand espoir mais ce tems la retardé ce qui peut estre encore nessecitera dautres secourds.

 

SALPETRE

 

Nostre ateillé ne discontinue pas de lessiver les terres pour la salpêtre. Bientôt on va procéder a leur évaporation et qui nous tarde de pouvoir remettre une certainne quantité de salpêtre et que nous puissions voir nos paines hutilles à la Répeublicque.

 

ESPRIT PEUBLIC.

 

La justice et la Raison a dévoilé les yeux du peuple et le décret de nos représentans par lequel les français reconnessent lêtre supreme et limmortalité de lame a caussé dans Nos Coeurs la sansibilité dune plus grande joye. Les individus en sont emplement satisfaits et le dessir ardant den sélébrer la fette les fait soupirer depuis ce jour glorieux pour un répeublicain, de pouvoir par une ausi auguste sérémonie reconnoitre ses bienfaits et les remercier du soutien victorieux de nos armes en président à nos victoires.

Salut et fraternité.

 

La française ce 20° Prairial lan deux (8 juin 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Nous avons reçu tous les décrets et arrêtés énoncés dans ta letre du 8° Prairial courant que nous avons fait proclamer et afficher et que je menpresserai toujours à poursuivre leur antier exécution notament du contenu du raport fait au nom du comité de salut peublic par maximilien Robespierre dans la séance du 18° Floréal dernier sur des idées religieuses et moralles avec les principes répeublicains et sur les fettes nationalles décrétées par nos représentans qui doivent les sélébrer chaque décadi et principalement sur celle dédiée à letre supreme que nous sélébrons aujourdhuy au grand contantement de tous nos concitoyens à qui Ion voit le visage paint dune joye parfaitte acourir a lenvie des uns des autres au lieu destiné par la municipalité ou doit ce faire cette auguste sérémonie que nous fairons en sorte de randre aussy solemnelle qui sera en nostre pouvoir (1).

 

SUBSISTANCE ET APROVISIONEMENTS.

 

Il nest pas necessaire de te paindre la détresse où nous sommes sur les comestibles. Tu le scais assés et sil nétoit lespoir sur les bontés de nos administrateurs qui nous en procurent et laproche dune récolte qui viendra bientost terminer enfin nos maux nous péririons tous mais toutes ses paines ne sçauroit nous détacher un moment de la soumission que nous devons aux lois et de lamour de la Repeublicque ou nous sommes tous inviolablement consacrés.

 

SALPETRE.

 

Les travaux de la salpêtre ce continue toujours. Nous avons baucoup des eaux prêtes a levaporation, ce qui se comencera demain et on nous fait espérer que nous en ferons une plus grande quantité que la dernière fois, ce que nous ne pourons scavoir qua la fin de ces cuittes, je menpresseré de ten faire sçavoir le résultat.

 

ESPRIT PEUBLIC.

 

Tout est tranquile icy, point de faction, au moins parvenues a nostre connessance. Le fanatisme disparait et lesprit du peuple semble monter à la hauteur des sirconstances en satachant à lamour de la Répeublicque ils se douent des vertus civicques et chérissent la liberté et légalité qui en sont les principes.

Et cet ce que je ne sesse dinsinuer et de promulguer en leur dévoilant les yeux pour les faire tourner vers la vérité et la raison qui les apelle.

Salut et fraternité.

 

 

Note :

(1) : C’est bien notre même ineffable agent national, prêt à toutes les palinodies, qui était peu de temps auparavant si partisan de détruire l’église de son village...

 

La Française ce 30° Prairial lan deux. (18 juin 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Je me suis empréssé de faire afficher et promulguer les lois et arrêtés qui sont énoncés dans tes letres des 11°, 17° et 22° prairial courant, que nous avons reçu en trois pacquets ou jay trouvé plusieurs demendes que tu faits a la municipalité. Je nay fait fautte de les presser à te donner satisfaction mais comme nos officiers municipeaux sont la plupart de la campagne et que les travaux les pressent, ils nont pas soin de ce rendre et bien souvent on ne peut tenir des délibérations faute dassuidité de certins qui paraissent prendre plus de part à leurs interests personnels, et je pense qu'une semonce de ta part seroit assa place et pouroit faire un grand bien en les obligent de se metre a la hautteur des sirconstances et de prandre la vigeur répeublicaine qu'exige les bessoins urgents de nostre patrie.

Aussy néje peu te faire passer encore le tableau des familles des volontaires qui ont droit au secours ni celuy des indigens de nostre commune et bien dautres objets dont nous sommes en arière et que je ne puis en obtenir la confection, ce que jatribue sependent au grand tracas que nous occasionne le manquement des subsistances pour la distribution égalle de ce qui nous restoit je ne fairé fautte sependent den presser la remise pour le plus tard au décady prochin.

 

SUBSISTANCE ET APROVISIONEMENTS.

 

Nous avons fait comencer de moissons du segle quoiquelle ne soit pas encore dans la plus grande maturité mais les bessoins pressents nous a nécessité cette indispansable besogne.

 

SALPETRE.

 

Nostre ateillé continue toujours ses travaux. On a fini dévaporer les eaux quelle étoit prette pour faire cette cuitte. Elle est misse à la cristalisation et je pouray tandire la quantité quil en sera extraitte la prochaine décade.

 

BIENS JOUIS PAR LES SIDEVANT CURES.

 

Des aussitost que jay heu connessance de ton réquisitoire je me suis transporté sur les lieux et daprés les informations que jay prisses jay fait létat aproximatif des biens jouis par les sidevant curés. Jen fairé les affiches demain pour procéder a ladjudication ainsy quil est porté dans ton réquisitoire du II messidor prochin et jours suivents.

Salut et fraternité.

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Nous avons reçu ta letre du 3° messidor courant contenant envoy du pacquet des lois pour les faire metre a exécution, ce que jay fait de suitte et les ayent affichées et proclamé aux lieux accoutumés.

La municipalité a secondé mes veues en tenant des arrêtés pour accélérer leur exécution dont je te fairé part, sçavoir :

1° arrêté du 27 prairial dernier relatif à la liste des ouvriers qui sont en réquisition pour les travaux que nécessite la prochaine récolte.

2° autre arrêté du 6° messidor courant pris par lecorps municipal qui nomme le citoyen Clou pour retirer de ladmnistration la somme de 760 L. pour estre distribuée aux familles indigentes de la commune.

3° autre arrêté dudit jour 6° messidor qui nomme le citoyen Laval officier municipal à leffet de retirer de ladministration du district 177 L. savon qui doit être distribué dans le canton conformément à la letre de ladministration du 28° prairial dernier.

4° autre arrêté du corps municipal dudit jour qui nomme les citoyens Lacroix, Laval et Duran Nègre comissaires pour vérifier les chevaux entiers et juments poulinières pour assurer la propagation des chevaux conformément à larrêté du comitté de salut peublic du 13 prairial dernier

5° autre arrêté du 26° prairial dernier pris par le conseil général de la commune qui fixe le prix des journées en conformité de larrêté du Comité de Salut Peublic en datte du 6° prairial aussi dernier que tu doits avoir reçu pour lavoir remis es mains du citoyen Barat administrateur la dernière fois quil était icy.

Et pour tout ce qui nous reste à faire pour la parfaitte exécution des lois que nous avons reçu ou qui parviendront à ma connessance, soits persuadé que je manqueré pas dy metre toute lactivité qui me sera possible pour en poursuivre la plus prompte confection.

Le tableau a remplir pour la désignation des biens des gens suspects detenus dans la maison de réclusion est comancé, mais le désignement des pièces et le nombre des mesures de chaque objet demendé dans le tableau nécessité un extrait de cadastre ou un arpantement de chacque objet, ce qui retardera lenvoy accose du travail quil y a a faire, veu le grand nombre de pièces qui leur apartienent et que ce travail sera un peu long. Veuille trouver un autre moyen plus court sil test possible et mendonner connessance, sinon prands des mesures pour faire ramasser la récolte qui sera bientost a son degré de maturité. Jan présseré la faction, et dés quil sera prêt je te le fairé passer.

Pour répondre à la letre du 29 prairial dernier dans laquelle tu me dits qu’au vertu de la réquisition du 15 germinal relative au bois de la bordenne saugain rouge et blanc propre à faire du charbon pour la poudre, je doits avoir fait connoistre aux agents nationaux des communes de mon arondissement le lieu où ils doivent faire déposser ces espèces de bois.

Tu voudras bien te rapeller que je técrivits la dernière décade de germinal quil y an avait pas dans ce pais mais ayant porté ma veue sur les barres de solle que javois déjà requises, il fut dit au citoyen Clou officier municipal par les administrateurs du district que nous pouvions faire savoir aux particuliers et propriétaires den disposer pour faire des serceaux, de sorte que tous ceux chez qui elle étoit requise en ont fait faire des serceaux et par ce moyen nous en avons pas du tout et les communes de la Rondissement du canton mont écrit de meme quils en ont pas. Je suis au désespoir de ne pouvoir te satisfaire.

 

SALPETRE.

 

Nous avons du salpêtre pour la première fois après baucoup de travail. Nous en pouvons fournir trante cinq livres quil a été extraitte de cette cuitte. Il faut espérer que Sucsessivement les autres cuittes nous randront davantage, parce que toujours plus esperts dans cette .partie on est plus a porté den connoistre les déffauts. Dailleurs pour avancer plus en besogne un ateillé de lessivage va sétabli à Montractruc Larocque Marets et les eaux se porteront icy pour lévaporation.

Salut et fraternité.

 

Réponse faitte a lagent national prés le district à Montauban par lagent national de Lafrançaise sur les trois letres en datte du 15° messidor consues en ses termes. (3 juillet 1794).

 

Demende de lagent national du district :

Y a t il des communaux dans ta commune ?

 

Réponse de lagent national de Lafrançaise :

Une prerie apellée La Nauze Infernalle contenant quatre vingt un quartonat affermés.

 

D. Sont-ils partagés ?

R. Elle na pas été partagée.

 

D. La Loy du 10° Juin relative a cet objet est elle entièrement exécuttée

R. La loy na pas été exécutée parceque daprés larticle 10 de la 1° section de la loy du 10 Juin les communes doivent se libérer avant le partage.

 

D. Si elle ne les pas quatil été fait pour son exécution ?

R. Il na été fait rien pour son éxécution par la meme raison.

 

D. Quelles sont les difficultés qu’on éprouve ?

R. Les dificultés sont que laditte prairie est située dans un lieu aquaticque où les eaux croupissent et infectent lair si on na pas soin de les faire écouler et procurent aux habitans des maladies ainsi quon la veu par expérience avant que les fosses se fissent. Et les fossés seront négligés, les eaux ne sécouleront pas et ce terrain redeviendra un cloacque qui occasionera baucoup de maladies par sa mauvaise exaleson. Sependent toujours prêt à obéir la municipalité va socuper de son éxécution.

 

Seconde letre.

D. Mon arreté du 23 Germinal qui met en réquisition les vieux tonneaux, vieilles baricques et le marrin propre au barrillage est-il éxécuté ?

R. Larrêté que tu me raportes cy contre a été éxesuté.

 

D. Pourquoy ne mastu pas envoyé létat des déclarations ? Il le faut sous trois jours.

R. Et létat des déclarations ta été envoyé par la municipalité.

 

3° letre.

D. Larrêté du Comité de Salut Peublic du 23 Floréal, qui porte quo frontispice des édiffices consacrés au culte on substituera à l'inscription "Temple de la Raison”, ces mots : ”Le peuple français reconnoit letre supreme et immortalité de lame" est-il éxécuté ?

R. Le présant arrêté na pas été éxécuté parceque nostre édiffice nest pas succeptible dinscription. Il ni a pas jamais eu, pas même de frontispice a pouvoir li placer.

Sependent touj urs prêt à obéir a larrêté du comité que tu me raportes, je praisserai la municipalité pour li faire placer et sil ne se peut en déors, il ce placera toujours endedans.

 

Liberté            Egalité Fraternité.

La française ce 16° messidor lan deux (4 juillet 1794).

 

Citoyen

 

Pour répondre à la letre du 14° messidor courant dans laquelle tu me dits que le 29° prairial dernier tu me demandés de te faire connaistre la quantité du bois de bordenne tauzain rouge et blanc et que jaurés du faire metre en magasin daprés ta réquisition du 13 germinal, je tobserveré que je nay pas manqué de te marquer dans ma correspondance du 30° germinal dernier par laquelle je te dits quil ny a pas baucoup de ce bois, et te prie de vouloir minstruire sur ce que je dois faire. Sependent voyant aucunne satisfaction la dessus, je me déterminé à faire metre en réquisition les barres de sole, nanyatil pas dautre propre conforme à la demande; mais les propriétaires en ayant fait faire des serceaux, il ne feut pas possible de men procurer. Sependant si tu trouves nécessaire den faire couper de verte, donne men avis et je fairai metre tout en ouvre pour satisfaire à la demande.

Les communes de la Rondissement du canton mont écrit dememe quils en avoit pas et que les propriétaires les avoit employés a faire des serceaux.

Ne ma cusse donc pas de negligence puisque tu as deu voir dans ma correspondance décadaire que je nay fait fautte de tan parler dans toutes les occasions.

Salut et fraternité.

 

Meme jour; le meme, au même :

 

Citoyen

 

Dans ta letre de hier 15° messidor tu me dits de te faire passer la liste des ouvriers cordonniers que je croirés en état de travailler dans les formes que le prescrit la loy du 2° Nivôse.

Pour te satisfaire, je te fais passer la liste de ceux de nostre commune qui mont apareu estre en état.

Liste des cordonniers en état de travailler.

Guillaume Galigné père et fils.

Jean Delmas dit Cardaire.

Charles Fabre, de Pechmeja.

Set tous ceux que nous reconnessons estre en état de travailler et je suis persuadé que dictés par les bons sentiments de patriotisme, ils ce signaleront a faire de bon ouvrage pour veu que tu ayés soin de leur faire délivrer de bonne marchandisse en cuirs.

Salut et fraternité.

 

La française ce 20° Messidor lan deux (8 juillet 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Nous avons reçu tes letres en datte du 8°, 11°, 13° et 16° messidor courant portant envoy des lois, proclamations et arrêtés que nous avons fait afficher et promulguer de suitte afin que leur éxécution néprouve aucun retard. Nous avons aussy fait avertir à son de trompe les jeunnes gens depuis dix huit jusques à vingt cinq ans de se tenir prêt à partir au premier ordre pour voler aux frontières terrasser nos enemis et se réjouir du bonheur davoir partisipé a la victoire. Tel est leur désir, le mien et celuy de tous les bons répeublicains. (1).

            Nous navons pas encore reçu larrêté du conseil général de la commune qui fixe le maximom des journées que nous avons fait passer aux administrateurs du district pour recevoir leur aprobation qui doit le rendre éxécutoire. Les traveaux commancent avec rapidité nous avons des réclamations pour sçavoir les prix des salères et nous ne pouvons leur donner un emple satisfaction fautte dudit arrêté ni parconcequand faire peunir ceux qui par cupidité ou mauvaise intantion voudroit exiger une plus forte somme.

Le percepteur de 1793 na pas encore reçu les charges localles. Le recouvrement souffre de ce retard. Veuille bien prandre tes soins pour nous le faire parvenir affin que la commune puisse en faire la levée et sufire à ces bessoins.

La liste des indigens de la commune nest pas encore faitte. La municipalité sen occupe et dans le cours de cette décade je te le faire passer.

Ainsy que létat des cuirs provenant des abats de bettes que le boucher débite dans la citté.

Par la letre de ladministrateur du district du 17 messidor, il nous a été demandé de leur rendre compte des passeports qui ont été demandés par les négocians qui dessiroit de voiager, soit dans nos colonnies soit dans les pays neutres etc. Il nous en a pas été demandés, ainsy nous ne pouvons vous donner satisfaction sur ce point.

Et quan au décret du 29 germinal qui ordonne le brûlement des herbes qui ne servent ni à la nouriture des animeaux ni aux uzages domesticques ou rureaux, soits persuadé de toute mon activité pour son prompt exécution et surtout dés que son hutilité et dun bessoin si urgent à la patrie.

Salut et fraternité.

 

La française ce 30° Messidor lan deux (18 juillet 1794).    

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Daprés la réception de tes letres du 19°, 21° et 24° messidor portant envoy des lois et arrêtés désignés, je me suis enpréssé de les faire promulguer, afficher et proclamer aux lieux accoutumés de nostre cité afin de les rendre communs à tous les habitans et soits persuadé que je ne cessairé jamais den poursuivre leur exécution avec célérité.

Tu peus maintenant rendre compte et assurer le Comité de Salut Peublic de léxécution de la loy relative à la disparution des signes de la féodalité et de la royauté dans notre commune. La pegnieurie (pénurie) des ouvriés mont retardée cet ouvrage parceque il sagissoit de démolir et faire disparaitre des mosolées que la vanité et la rogance tiranicque des seigneurs avoit fait plassé dans les sidevant eglisses et dont la rapidité avec laquelle on avoit voulu les enlever avoit fait lesser encore des marques senssibles de leur existance, enceque cela avoit été fait par des mains non expertes a cet ouvrage. Mais aujourdhuy je puis te dire que tout a

 

 

Notes :

(1) : C’est la version décente « d’Armons-nous et partez ».

 

dispareu et que tout est fait au dessir de tes letres du 17 messidor dernier, ja nay saisy lesprit et lhutilité et mon affection a la patrie et lamour de la liberté et légalité xexx mont dicté de suitte a son exécution.

Jay faite ma réquisition et je ( ?) autant quil est a mon pouvoir la confection du role de repartion des secourds accordés aux familles indigentes, viellards et enfants etc. Le conseil général de la commune et le comité de surveillance se sont assemblés plusieurs foits mais les difficultés qui sélévent pour faire accorder tous les droits des parties avec ce que exige la loy et le manquement des pièces qui doit prouver les droits des parties donnent a persevoir que cette opération sera un peu longue. Je ne sesseray de la presseé et desquil sera prêt je te le fairai pâsser.

 

SALPETRE.

 

Daprés la réception de la letre de ladministration du district du 24 messidor courant qui nous instruit de lécolle dinstruction pour léxécution de la salpêtre ouverte en concequance à Cahors par le citoyen Mercier et nous invite de faire choix et envoyer desuitte un citoyen pour sinstruire sur cette intéressante fabrication.

La municipalité par son arrêté du 27 Messidor courant a choissy le citoyen Bourdoncje chargé déjà de la conduitte de lateillée de cette commune, qui est party de suitte et en atendant son retour les ouvriers socupent a lessiver les terres pour être prêts a faire lévaporation quand il viendra.

Il y a aussi un ateillé de lesivage à Montastruc Larocque Marés à St Maurice et je vais en elever un autre à Lunet ainsy on ne négligera rien pour la prompte fabrication de cette matière si necessaire à la Répeublicque et ji porterai toujours avec atantion tous mes soins.

Salut et fraternit.

 

La Française ce 7° termidor lan deux (25 juillet 1794).

 

Citoyen

 

je nay rien négligé pour pouvoir te procurer lobjet de ta demande par ta letre du 3° du courant qui ma paru aussy bien qu’à toy dunne nécessité urgente à la Répeublicque, mais daprés tous les renseignemens que jay pris jé bien reconneu quil nétoit pas possible de sen procurer, aussy néje fait fautte de te le marquer par ma letre du 30° germinal et 16° messidor dernier. Veuilles bien les revoir, et tu connetras fort bien que jay fait tout ce qui ma été possible pour léxécution et laprovisionement de ce bois demandé.

Tu verras aussy que je tay fait part de la réponce des agents nationaux des municipalités de mon canton qui mont dit aussy quil ne leur avoit pas été possible de pouvoir sen procurer, par la raison que ce pays nest pas propice a la production de cette qualité de bois.

Salut et fraternité.

 

La Française ce 10° Thermidor lan deux (28 juillet 1794).

 

Citoyen

 

Dans cette décade nous avons reçu tes letres du 28 messidor dernier, du 1° et 7 thermidor courant, portant envoyé de lois et arrêtés cy énoncés, que nous avons fait peublier et afficher de suitte et dont jean poursuivray léxécution avec toute lactivité qui me sera posible.

Nous nous occupons à former le tableau des indigents qui doivent etre favorissés de la bienfaisance nationale.

Le resencement de la population qui doit déterminer le nombre des indigents secoureus dans cette commune se fait, et la liste te sera sans doutte envoyée dans le courant de cette décade.

Le tableau à remplir pour les subsistances provisoires accordées aux soldats grièvement mutilés, reçu par lanvoye du 7° thermidor, ont été remis au comissaire distributeur de suitte et soits persuadé que jan accélère la confection avec sélérité, veu lurgente nécésité de les faire jouir d'un droit acquis à des si honorables titres, ainsy que du tableau des secourds accordés aux parents des familles de volontaires pour le trimestre de messidor qui devroit estre fait.

 

SALPETRE.

 

Nous te fairons passer pour cette décade le salpêtre que nous trouvons avoir en notre pouvoir. Nous voulions atandre celuy de lautre cuitte pour avoir le plaisir den faire une plus grande remise, mais comme le citoyen Bourdoncle chargé de l'ateillé étoit a lécole de Cahors pour se perfectioner, nous latendons pour lévaporation des eaux qui se seront préparées pendant son absance que nous te fairons parvenir dés ausitot quil sera extrait, ce qui auroit trainé en longeur la présante remise.

Je me suis donné tous les mouvements posibles pour metre en activité les propriétaires de nostre commune a couper les herbes non nécessaires à la nouriture des bestieaux ni aux uzages domestiques de la campagne, conformemant au décret du 29° germinal, pour les faire bruller et réduire en sendres pour la fabrication du salpêtre. Les traveaux de la récolte ont prévalu et ont fait retarder cette opération malgré plusieurs invitations faittes à son de trompe que jay fait faire et pour lexemple et lardeur répeublicaine qui manime du désir de consolider les biens inextimables de la Républicque. Jay fait ramasser par des ouvriers des dittes herbes, et quand elles seront sèches je les fairé bruller pour les déposer dans lateillé du salpêtre, et je ne manqueré pas de faire de nouveaux efforts pour porter nos habitans après les traveaux agricoles de se porter tous à ce genre de travail en leur faisant envisager leurs interests personnels dans les grandes mesures nécessitées par la Répeublicque.

Salut et fraternité.

 

2° Décade.

 

Lagent national prés le district étoit icy et ayant veu par luimeme ce qui résultait de nos opérations pendent la décade, nous a dispancé décrire la corespondance.

 

La Française ce 30° Thermidor lan deux (17 août 1794).

 

EXECUTION DES LOIS.

 

Citoyen

 

Le conseil général de la commune a par son arrêté fixé la convocation de lasemblée de commune pour dessider sur le partage des biens comunaux a mecredy 10° Fructidor. Daprés toute mon activité et les soins des officiers municipeaux, nous avons le plaisir de voir lempresement de nos administrateurs à se prêter aux besoins de la Repeublicque et sempresser de porter des fils malgré la grande rareté de cette danrée. Nous en avons a ta disposition environ deux quinteaux et il nous en vient tous les jours.

Tous les resencements que tu demandes de toutes les denrées de la cuillette de la présante année nous nous proposons de les faire insessament et nous atandons seulement pour celà que dapercevoir que nos propriétaires ayent achevé de dépicquer et de ramasser leur récolte et fourages.

 

SALPETRE.

 

Notre ateillé continue avec activité ses traveaux, aussy recevras tu la salpêtre bien plus belle et plus nette que nostre conducteur de cette fabrication navoit fait encore. Il paroit que le voyage et séjour à Cahors na pas été infructeuheux, mais nous navons pas veu des eaux lessivées de Montastruc Larocque Marés, malgré la réception de ta letre quils ont deu faire, puisquelle feut remise en mains propres dun membre de ladite municipalité.

 

ESPRIT PEUBLIC.

 

Au premier mouvement de raliement de nostre société populaire les membres se sont empréssés de se rendre aux assemblées et de là il ne faut conjecturer que le xstxxtxxxK®KH± ralantissement quavoit éprouvé la ditte société ne provenoit que des traveaux de la campagne que necessitoit la levée de la récolte, mais maintenant que ce travail est déjà fait, on vera avec plaisir lempresement que chacque individu metra a la chosse publicque, au dessir de sinstruire des devoirs repeublicains que sa patrie egigue (exige) de luy.

Salut et fraternité.

 

La Française ce 10° Fructidor lan deux.  (27 août 1794).

 

EXECUTION DES LOIS

 

Citoyen

 

Je hate autant quil est en mon pouvoir la confection du rolle des secourds accordés aux parents des defenceurs de la patrie. On na discontinué dy travailler, mais les dificultés a ce procurer les titres qui doivent prouver leurs droits et la lanteur que les réclaments y metent nous fait éprouver ce retard. Sependent je pance quil sera bientôt fait, ainsy que celui des secourds accordés aux indigents, qui ce fait en même tems.

Tu recevras la liste des jeunes gens de 18 à 25 ans qui étoint restés dans la commune pour fait de maladie ou qui avoit été renvoyés par le district dont nous en ignorons les motifs.

 

SUBSISTANCES

 

La municipalité ne sest pas aucupée encore des resencements des subsistances et fourages que tu nous réclames, a cauze quil y a baucoup des propriétaires qui nont pas encore dépiqué et quils pressent de ce faire. Et il a été ouvert le registre où les propriétaires doivent faire leur déclaration de ce quils ont récolté la présante année. On les a fait avertir à son de trompe. Les resencements se fairont desuitte. Tu recevras aussy létat des grains vendeus sur le marché pendant cette décade.

 

SALPETRE.

 

Nostre ateillé de salpêtre continue avec activité ses oppérations, aussy tu vois nostre exactitude a remetre nostre tache décadaire, malgré quil faut envoyer chercher les eaux avec des charrettes ne pouvant les puisser des puids à cauze de leur mauvais état, ne sachant ou prandre de fonds pour pourvoir aux hurgentes réparations quils necesitent.

Le conducteur de cet ateillé nous a manifesté la nécesité de prandre les terres de la cave de Moncuquet, un des recteurs et parconcequand les scéllés étant mis sur la porte dantrée on ne peut y parvenir quil ne soient levés. Veuilles bien prandre les mesures à ce nécessaires.

 

ESPRIT PEUBLIC.

 

Je croyés estre au terme heureux davoir peu détacher nos habitans des fanaticques abitudes dobserver le cidevant dimanche.

Quelques mal intantionés sans doutte a fait courir le bruit qu’à Montauban on avoit crié a son de trompe et affiché que les décadis étoint suprimés et que les marchés étoint revenus dans la commune comme cy devant. Tout cela a fait un peu de ravage dans les esprits faibles et campagnards et les retienent dans lopignon que les sidevant pretres et lusage leur avoit si bien insinuées. (1).

Lasamblée des communes pour le partage des biens comunaux set tennue aujourdhuy, il a été décidé pour le partage.

Salut et fraternité.

 

 


Notes :

 

(1) : Un mois à peine après l’exécution de Robespierre et de ses pareils (que l’agent national n’a même pas mensionnée) les églises rouvrent à peu près partout en France, notamment dans le Tarn, à Castres et à Escoussens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Française ce 20° Fructidor Lan deux (6 septembre 1794).

 

 

 

EXECUTION DES LOIS.

 

 

 

            Citoyen,

 

 

 

            Le rolle des secourds accordés aux familles des militaires pour le trimestre de messidor est prêt.

 

            Nous navons peu encore faire les tableaux et états et resencement de la cuillette de la présante année que tu nous demande les propriétaires nayant pas encore achevé de la retirer et nont peu faire leur déclaration, na sachant pas la cantité. La municipalité a ouvert le registre pour les recevoir, mais ils ne se hâtent pas de ce faire, et dailleurs le tems que le rôle des secourds accordés aux familles des militaires pour le trimestre de messidor nous a absorbé, ne nous a pas permis de nous aucuper dautre chose ; mais aprésant quil est fini je presseray lexécution de tes demendes.

 

Tu recevras avec la présente les tableaux et états que tu me demandes par tes letres des 14 et 16 courant et ausy par la sirculaire du comité de salut peublic qui sont, scavoir :

 

1° Tableau des communes qui étoint dans lusage daprovisioner nos marchés.

 

2° Létat de largenterie trouvée dans les églises de nostre commune.

 

3° Etat des grains vendus sur le marché pendent la seconde décade du mois fructidor.

 

Tu mas écrit deux fois pour me rapeller les dispositions de larticle 7° de larrêté du comité de salut peublic du 13° thermidor relatif alaprovisionement des marchés. Sependent si tu veux avoir la bonté de regarder dans le pacquet décadaire dernier, tu verras que je suis exat a te le faire passer. Je pence donc que ta justice voudra bien faire connaistre au gouvernement mon activité au lieu de la négligence que tu mas mal a propos atribuée.

 

Salut et fraternité.

 

 

 

La Française ce 25° Fructidor lan deux. (11 septembre 1794).

 

 

 

Citoyen

 

 

 

Desuitte la réception de larrêté de ladministration du district du 20 fructidor courant, que nous avons reçu le 22° dudit nous nous sommes empréssés, veu votre détresse, de faire la répartition sur les propriétaires de nostre commune, du contingent en grains dont tu faits demande par cet arrêté, pour pouvoir vous le faire parvenir, dans le plus brief delay possible, nayant rien tant à coeur que lempresement de vous estre hutilles. Sependent nos resources sont fort petites et nostre récolte bien médiocre.

 

Salut et fraternité.

 

 

 

La Française ce 30° Fructidor lan deux (16 septembre 1794).

 

 

 

EXECUTION DES LOIS.

 

 

 

Citoyen

 

 

 

Pendent cette décade nous nous sommes occupés de faire le resencement des grains et fourrages récoltés la présante année que tu nous demandes ainsy que des états des charretes, beuf et vaches que tu nous as apssy demendés. Il doit estre prêt et la municipalité sans doutte ne manquera pas a te le faire parvenir.

 

La plus grande célérité a été employé pour la répartition sur nos propriétaires des subsistances que chaqun deux doivent fournir pour remplir notre contingent pour laprovisionement de vostre commune en détresse daprés vostre arrêté du 20 courant et lactivité que nous y avons employé donne a croire que les propriétaires ont rempli leur tache et que tu as reçu nostre ficxation.

 

Tu mas écrit plusieurs fois et notament la 26 courant pour me demender de te faire connoistre les taxes revolutionaires, emprunts, saizies etc., faittes dans la commune.

 

Veuilles bien mexpliquer ce que tu veux dire parceque je ne sache pas que dans cette commune il y ait eu des emprunts ni saizies revolutionaires, et quand aux taxes qui y ont heu lieu, je nen connois pas dautres que les dons patriotiques que les collecteurs ont levé et dont le role ta été sans doutte remis et le role de lemprunt forcé qui a été payé à Montauban dont tu as parfaitte connessance.

 

Et quand aux autres états ou tableaux quils nont peu ce faire cette décade, jen poursuivré lexécution afin de te les faire passer de suitte quils seront faits.

 

Salut et fraternité.

 

 

 

*

 

 

 

Là s'arrête le cahier de correspondance de l'agent national à La Française. Il reste encore six pages blanches. Fut-il destitué, son rôle de jacobin terminé ? Et, dans ce cas, continua-t-il à vivre paisiblement, sans être inquiété ? C'est probable. Il est remarquable qu'à part deux cas de marché noir, il ne dénonce personne. Certainement ce fonctionnaire zélé et incompétent (ce qui est tout un) retrouva-t-il très vite, sous le Directoire, le Consulat, l'Empire, la Restauration, etc, etc... un rôle à sa mesure : celui de percepteur, de gabelou, ou de policier tout à fait subalterne.

 

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